À l’aube du fascisme aux États-Unis?
Appuyé sur son bâton de golf, l’homme est bavard. Il a déménagé de Houston pour s’installer à Eagle Pass, à un coin de rue de la frontière mexicaine, « au calme ». « Pourtant, ce n’est pas vraiment reposant », lui dis-je en montrant d’un geste les conteneurs hérissés de rasoirs qui bordent le Rio Grande, les membres de la garde nationale juchés sur le dessus, l’assourdissant hydroglisseur de la Border Patrol qui patrouille la rivière aux demi-heures, les 4x4 des state troopers du Texas qui se lancent sur la piste en bordure du vert dans un nuage de poussière, le drone qui ronronne au-dessus de nous… « Je sais, » dit-il en haussant les épaules, « On a hâte à novembre. Si [le candidat républicain] est réélu, c’est sûr qu’il va nous débarrasser de tout ça. »
Difficile de ne pas sourciller. Difficile de ne pas lui dire que le retour au calme ne semble pas au programme, que tout ce que dit ce candidat infirme son propos. Comme l’écrit David A. Graham dans The Atlantic : ses partisans « disent souvent que ce qu’ils admirent chez lui, c’est qu’il dit ce qu’il pense, qu’ils le veuillent ou non ». Mais alors, demande-t-il, « pourquoi sont-ils si réticents à le prendre au mot ? »
C’est « l’homme providentiel » qu’étudie la science politique. Sinon, pourquoi les Évangélistes seraient-ils prêts à croire à un messie adultère ? Pourquoi les partisans de la Constitution auraient-ils foi en l’homme qui se voit en dictateur ? Pourquoi les travailleurs croiraient-ils le président qui a historiquement accordé les plus importantes coupures de taxes aux plus riches ? Pourquoi des immigrants, pour certains liés à des migrants non documentés (et expulsables) se penseraient-ils immunisés........
© Le Devoir
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