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Résistons

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07.12.2024

Tous les ans, depuis maintenant plus d’une décennie, je demande à mes étudiantes et étudiants, à mes amies et amis, sur les réseaux sociaux : « Où étiez-vous le 6 décembre 1989 ? » Où étiez-vous au moment où 14 jeunes femmes mouraient à l’École Polytechnique de l’Université de Montréal, au bout de l’arme semi-automatique d’un dénommé Marc Lépine ?

J’avais 21 ans. J’étais étudiante, moi aussi, à l’université. Ma meilleure amie faisait des études de génie électrique. Le lendemain du 6 décembre, assises l’une devant l’autre dans un café sur le campus de l’Université d’Ottawa, nous étions catastrophées, meurtries, bouche bée. J’ai entendu mon amie murmurer : « Ça aurait pu être moi. » Moi, étudiante en littérature, jeune féministe, je me disais que ça aurait pu être moi aussi.

Aujourd’hui, 35 ans plus tard, je me dis que ça peut encore être le cas, repensant à la professeure poignardée à l’Université Waterloo, en Ontario, en juin 2023, dans un cours où elle enseignait la construction du genre à travers l’histoire de la philosophie, demandant : « Qu’est-ce que le genre ? Comment est-ce qu’on le fait ? Comment est-ce qu’on peut le défaire – si c’est bien ce qu’on souhaite ? » Celui qui a posé le geste a plaidé coupable. La Couronne a exigé, pendant les délibérés sur la sentence, que le crime soit considéré haineux.

Le soir du 6 décembre 1989, tétanisées de douleur et de rage devant le journal télévisé, nous avons été nombreuses à pleurer devant le décompte des victimes.

Le tueur avait mis fin à ses jours avec la carabine semi-automatique dont il s’était servi pour arracher la vie des étudiantes, isolées de leurs collègues masculins à qui il avait enjoint de........

© La Presse


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