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Les drôles de comptes de l’Aide publique au développement de la France

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09.12.2025

Au moment où les crédits de l’Aide publique au développement (APD) connaissent partout un fléchissement rapide – le Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’OCDE table sur une baisse des volumes de 15 % en 2025 après une baisse de 7 % en 2024 – l’aide française ne déroge pas à cette tendance inquiétante.

Si ces politiques de solidarité internationale sont partout attaquées dans le monde, et singulièrement aux États-Unis, dans une relative indifférence, on le doit en grande partie à la difficulté à défendre efficacement cet instrument, tant les écarts apparaissent importants entre les montants affichés d’Aide et ce que perçoivent véritablement les bénéficiaires sur le terrain.

Le mode de comptabilisation de l’Aide publique au développement, prévu explicitement par le Comité d’Aide au Développement de l’OCDE, explique en partie ce hiatus. Il convient en effet de savoir lire entre les lignes pour comprendre la réalité des financements qui sont effectivement transférés l’année de leur comptabilisation dans les pays en développement.

Le mode de fabrication des comptes annuels de l’Aide publique au développement française – 14,2 Mds€ en 2023 - est à cet égard un cas d’école. Mettons-nous un instant à la place des pays bénéficiaires de cette Aide et voyons ligne par ligne, la différence existante entre ce qui est annoncé par les autorités françaises, en conformité avec les exigences du CAD de l’OCDE, et la réalité de ce qui est transféré et donc identifiable par les pays bénéficiaires[1]. Cette analyse est effectuée à partir d’un document officiel de l’administration française, à savoir le document de politique tranversale, annexé au projet de loi de finances pour 2025 pour la politique française, en faveur du développement et notamment son tableau récapitulatif de l'Aide française en page 21.

Le cœur opérationnel de la politique d’APD de la France est réuni au sein de la mission Aide publique au développement où sont regroupés tous les crédits budgétaires exclusivement destinés à financer l’APD.

En 2023, dernière année où la comptabilisation est finalisée, la mission APD (hors prêt) affichait 4,6 Mds € de dons décaissés dans l’année. Or, une partie de ces montants transite par le canal communautaire et multilatéral (1,2 Md€), ce qui induit des incertitudes sur la date effective de décaissement de ces fonds sur le terrain (2023 ? 2024 ? plus tard ?) et sur le montant effectif qui sera décaissé sur le terrain (montants nets après prélèvement de certains frais de structure des institutions bénéficiaires)[2]. Plus généralement, les institutions multilatérales et communautaires captent 40 % de l’Aide française. En clair, impossible de savoir pour les pays bénéficiaires à quelle échéance et selon quel montant cette Aide multilatéralisée arrivera sur le terrain ? La seule partie très visible pour les pays bénéficiaires de l’Aide française en don transférée sur le........

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