Les gouvernements de gauche ont la réputation d’être prodigues, dépensiers, peu soucieux de la trajectoire de la dette publique ; les gouvernements de droite sont perçus comme plus vertueux en matière de finances publiques, davantage attachés à l’équilibre budgétaire [Bremer, 2023].

Il n’est pas certain que ces réputations soient justifiées.

La littérature empirique n’arrive pas vraiment à conclure si le solde public tend à être plus élevé lorsque la droite est au pouvoir plutôt que la gauche [Potrafke, 2017]. En étudiant un échantillon de 13 pays, Alberto Alesina et alii [1993] estiment que le déficit public est en moyenne légèrement plus élevé sous les gouvernements de gauche que sous les gouvernements de droite ; à partir d’un échantillon de 14 pays, Thomas Cusack [1999] concluent au contraire que le Budget a plus de chances d’être équilibré lorsque le gouvernement est de gauche ; José Tavares [2004], ne perçoit pas d’effet de l’orientation partisane du gouvernement sur le solde budgétaire. De leur côté, Barry Eichengreen et Ugo Panizza [2016] ont observé le solde primaire, moins sensible à la conjoncture que le simple solde budgétaire. Ils ont notamment conclu que les gouvernements de gauche ont plus souvent été capables de générer des excédents primaires que les gouvernements de droite. En tout cas, en définitive, on ne peut affirmer que la droite soit plus vertueuse que la gauche en matière de finances publiques.

Après tout, les partis de gauche ont avant tout une préférence pour un niveau de dépenses publiques élevé, non une préférence en soi pour le déficit budgétaire ; une fois au pouvoir, ils peuvent augmenter l’impôt pour financer un surcroît de dépenses. De leur côté, les partis de droite ont avant tout une préférence pour un faible niveau de prélèvements obligatoires, pas pour l’équilibre budgétaire ; s’ils ne veulent ou ne peuvent réduire autant les dépenses publiques qu’ils ne réduisent les impôts une fois qu’ils sont au pouvoir, alors ils généreront des déficits budgétaires. Autrement dit, les différences partisanes portent bien davantage sur la taille de l’Etat que sur le montant du solde budgétaire désiré.

En fait, la littérature économique a identifié plusieurs raisons pour lesquelles un gouvernement de droite, conservateur, peut trouver un intérêt à laisser la dette publique augmenter, alors même qu’il se présente comme un chantre de l’équilibre budgétaire (1).

Tout........

© Alternatives Économiques (Blog)