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Gaspard Koenig : "On peut penser un capitalisme a-croissant"

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17.06.2024

Le 13 mai 2024, Gaspard Koenig et Jean-Marc Jancovici ont débattu au théâtre des variétés sur une question soulevée par l'association Opinion Square : « Faut-il limiter nos libertés pour sauver la planète ? » Si tous deux font de la défense de l’environnement une priorité dans leur engagement politique, ils sont en désaccord sur le mode d’action à privilégier.

Le philosophe Gaspard Koenig croit en l’action locale et la décentralisation, tandis que l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, inventeur du « bilan-carbone », évoque la nécessité d’une prise en charge étatique, à travers la planification. Nous avons rencontré Gaspard Koenig.

Marianne : Si l’on a tendance à opposer écologie et liberté individuelle, vous défendez l’idée que la liberté serait, par essence, écologiste. Comment l’expliquez-vous ?

Gaspard Koenig : L’écologie philosophique, depuis son apparition, au début du XIXe siècle, a toujours été assez libertaire, proche de l’anarchisme, développant une réflexion sur la liberté humaine.

On retrouve cela chez Élisée Reclus, Henry David Thoreau, Pierre Joseph Proudhon, jusqu’à Murray Bookchin dans les années soixante-dix. L’homme ne constitue réellement sa liberté que dans un rapport à la nature et à la communauté humaine, elle-même conçue comme un prolongement de l’écosystème. Si depuis une dizaine d’années, l’écologie politique a tourné le dos à cet univers de pensée, et est devenue très centralisatrice, très étatiste, il n’en demeure pas moins que son origine est très décentralisatrice.

On le voit du côté des libéraux, notamment chez l’un des pères fondateurs de la doctrine, Alexis de Tocqueville. Dans « Quinze Jours au désert », il relate, à la suite de sa traversée des États-Unis sa promenade avec Gustave de Beaumont dans la forêt primaire du Michigan, où il passe 15 jours à cheval. Il y prend conscience de l’intérêt des troncs d’arbres qui, par leur décomposition, abritent toute une faune, et rencontre des indigènes chez qui règne une forme d’égalité primaire qui le séduit beaucoup.

À LIRE AUSSI : "Il est dans une position libérale très classique" : Elon Musk vu par Gaspard Kœnig

John Stuart Mill, à peu près à la même époque, est l’un des premiers à prendre au sérieux la question de la finitude des ressources, alors même qu’il est libéral de formation, et qu’il inspire des économistes classiques. Cela le conduit à interroger la notion de croissance. Enfin, Élisée Reclus est assez fasciné par l’industrie moderne, mais déplore la pollution qu’elle engendre. Géographe de formation, il fait toujours le lien entre l’homme et son milieu. Il montre que dans un milieu très urbain,........

© Marianne


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