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Les rôles du pâturage boisé communal

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07.07.2024

Certains de nos communs agricoles ont traversé le temps et survécu à la privatisation foncière. Un exemple de cet héritage se retrouve sous la forme de ce que nous nommons aujourd’hui les pâturages boisés communaux. Yvan Droz, un des rares anthropologues ruraux de Suisse, nous éclaire sur leur histoire, leurs caractéristiques et leurs conditions d’existence au sein du paysage agricole contemporain, en s’appuyant sur l’exemple du Communal de La Sagne, un exemple d’allmend près de La Chaux-de-Fonds.

Que sont les pâturages boisés en Suisse et quelle est leur histoire?

Yvan Droz: Les pâturages boisés sont des espaces dont les usages sont à la fois forestiers et agricoles, sans qu’on puisse y cultiver. Plus concrètement, il s’agit de zones aux pourcentages variables de couverture forestière (appelée taux de boisement), dans lesquelles un travail d’entretien et de défrichage est activement mené. L’entretien de ces espaces partiellement boisés se fait au travers de diverses activités, que ce soit sous la forme de pâturages à vaches, chevaux et petits ruminants, ou par la pratique du bûcheronnage pour le bois de chauffe. D’un point de vue écologique, ces milieux sont des systèmes complets et abritent des niches de biodiversité. Ils occupent des rôles importants dans la régulation hydrique et les risques de sècheresse, mais aussi d’érosion.

En Suisse, une bonne partie des pâturages d’altitude sont en fait des pâturages boisés, offrant au regard les paysages sylvo-pastoraux emblématiques de régions suisses comme les crêtes du Jura. Ces alpages appartenaient historiquement à des communes et ont donc été gérés de manière communale jusqu’au XXe siècle. A cette époque, l’importance de ces espaces était reconnue, non pour en préserver la biodiversité, mais pour la survie des habitant·es.

Aujourd’hui, certains pâturages sont toujours communaux, mais beaucoup ont été privatisés au fil du XXe siècle; vendus à des syndicats d’éleveurs ou à des privés. On assiste encore aujourd’hui à un phénomène de vente progressive des terres communales, en raison d’une population toujours plus faible d’agriculteurs et d’agricultrices. Ce déclin des actif·ves dans l’agriculture justifie de moins en moins la conservation de ces terres agricoles communales dont la vente représente une somme importante pour les communes.

Parmi les pâturages boisés demeurés communaux, prenons l’exemple de celui qui jouxte ma maison: le Communal de La Sagne, c’est-à-dire le pâturage commun de la commune de La Sagne, près de La Chaux-de-Fonds, qui mesure 25 km2. Ce commun, littéralement cet allmend, représente un........

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