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Louise El Yafi : "Affaire Samara : l'islamisme avait ses "grands frères", il a désormais ses "grandes sœurs"

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16.04.2024

L'affaire a atteint le mur du son médiatique pour s'inviter dans l'actualité. Le 2 avril, deux filles et un garçon, âgés de 14 à 15 ans, ont roué de coups Samara à la sortie de son collège, à Montpellier, dans le quartier de la Mosson. Tombée dans le coma, la jeune fille n’en sortira que deux jours plus tard. Le mobile des agresseurs ? Ils auraient été furieux de voir une photo postée par Samara la montrant tête nue. Les tensions entre l'adolescente et l’une de ses agresseuses, voilée, duraient depuis plusieurs mois. La seconde avait même été exclue à plusieurs reprises de l’établissement pour avoir menacé la première.

Avant de changer de version, la mère de Samara a indiqué que sa fille se faisait traiter régulièrement de kouffar (mécréante) ou de kahba (pute) en raison de ses tenues « à l'européenne ». Cette affaire n'est pas un cas isolé, et témoigne d’un phénomène grandissant en France : celui de femmes qui, sous l'égide de l'islamisation des quartiers, surveillent d'autres femmes. Le phénomène des « grands frères » était connu, il faut désormais composer avec celui des « grandes sœurs ».

Revenons sur le premier. Dans les années quatre-vingt, des problèmes de communication émergent entre acteurs institutionnels, maires, polices et jeunes des « quartiers ». Pressentant l’urgence de renouer le lien avec la jeunesse des cités, certaines municipalités se mettent à acheter la paix sociale par le biais de ces fameux « grands frères », dont le rôle est de jouer l’intermédiaire avec les jeunes.

Sélectionnés pour leur statut, leur autorité, leur quartier d’origine mais aussi souvent pour leur ethnie, les « grands frères » sont alors là pour maintenir l’ordre en copinant avec les jeunes réfractaires. Dans l'article « Les grands frères dans la politique jeunesse de Saint-Denis », Pauline Beunardeau explique que ces grands frères suscitent « l’attrait des "petits", à l’appui d’une réputation guerrière et forçant le respect. Cette politique a néanmoins vite souffert de critiques, symbolisées par le discours de Rachida Dati à l’Assemblée nationale en 2008 : « Votre politique d’intégration a été un échec ! Vous avez créé cette politique de « grands frères » pour s’occuper de jeunes filles qui ne demandaient rien. […] Les grands frères ont conduit à une politique de repli communautaire, à une politique identitaire, que vous avez soutenue ! »

Les mouvements féministes ne sont pas en reste. Créée en 2003, l’organisation « Ni putes ni soumises » a contribué, à travers la voix de Fadela Amara, à montrer l’oppression masculine à l’œuvre dans les........

© Marianne


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