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Olivier Bessy : "Il y a dans la performance de la course à pied une logique de consommation"

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10.05.2024

Pourquoi les urbains surdiplômés pratiquent-ils autant la course à pied ? Entre recherche de performance et récolte de gratification sociale via le partage de ladite performance sur les réseaux sociaux, la pratique du running s'est imposé comme un modèle de consommation du sport. En 2024, ils étaient plus de 50 000 à franchir la ligne du marathon de Paris : un chiffre en croissance permanente, qui amène à s'interroger sur ce que cette addiction à la course à pied dit de nos sociétés.

Coureur depuis plus de 50 ans, ancien adepte de la performance, Olivier Bessy est sociologue du sport et professeur émérite des universités. Il est également l'auteur de l'ouvrage Courir - de 1968 à nos jours dont le premier tome est paru en 2022 aux éditions Cairn.

Le deuxième tome, consacré aux marathons et autres ultratrails doit paraître en 2024. Il plaide pour une approche plus écologique et moins consumériste de ces évènements sportifs, et effectue ses recherches au laboratoire Transition énergétique et environnementale de l'Université de Pau.

Marianne : On sait que la réussite professionnelle ne suffit plus à l’épanouissement personnel, est-ce que la culture de la performance dans la course à pied est une tentative individuelle de réponse ?

Olivier Bessy :C’est un processus qui ne date pas d’aujourd’hui, qui a commencé par la libération du corps dans la mouvance post 1968. La course à pied elle-même s’est libérée : on casse les codes, on sort des stades, on met des vêtements de plus en plus fashion, moulants, sexy. On a dépassé le stade de la libération du corps, aujourd’hui on est aussi dans sa mise en valeur, la mise en spectacle de soi-même via son corps, ses équipements, notamment sur les réseaux sociaux, qui amplifient cet effet. Cette révolution du corps, n’a fait que croître, notamment chez les cadres supérieurs. Mais la pratique de la course à pied va plus loin, on est presque dans la recherche d'affirmation de soi, de construction identitaire.

Dans votre prochain livre, vous évoquez une nouvelle forme « d’illimitisme » dans l’approche de la course à pied, qu’entendez-vous par là ?

C’est l’objet du deuxième tome de mon ouvrage : depuis le début des années 1990, en lien avec l’hypermodernité, on est dans la démesure, la surenchère, on cherche toujours à dépasser nos propres limites mais on........

© Marianne


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