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Razzia sur les boîtes à livres

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18.07.2024

Lors d’une visite impromptue au Festival du livre de Paris le 12 avril 2024, le président de la République Emmanuel Macron a évoqué une spécificité française: le prix unique sur le livre neuf, en vigueur depuis la loi Lang de juillet 1981. Pour défendre cette exception culturelle qui a protégé les libraires autant face à la grande distribution que devant les assauts du commerce en ligne, il a suggéré qu’il faudrait envisager une contribution prélevée sur les ventes de livres d’occasion.

La polémique qui a suivi a mis en lumière la seconde main et la variété de ses pratiques. Partant d’un questionnement sur la valeur et le sens des circulations du livre rendue possible par ses multiples modes de diffusion, Olivier Bessard-Banquy, professeur de lettres à l’université Bordeaux-Montaigne, a constaté que la plupart des analyses économiques ou sociologiques n’envisagent le livre qu’en tant que produit neuf. Or, bien que rarement mentionné dans le débat public, le marché du livre usagé est d’ores et déjà considérable, atteignant en France presque 900 millions d’euros en 2020, contre 4,3 milliards pour le neuf.

Les livres de seconde main ont toujours donné lieu à négoce: l’occasion est née avec le neuf, dès la naissance de l’imprimerie. Pour autant, le commerce électronique a récemment donné une nouvelle ampleur à ce marché, désormais accessible à tous, partout, tout le temps. Ce qui était marginal constitue depuis les années 2010 une menace pour l’édition : bien souvent, pour obtenir un livre, la nouveauté ne constitue seulement qu’une option parmi d’autres.

Comme objet matériel et symbolique, le livre connaît de multiples destins: affiché sur les rayons en nouveauté de la rentrée littéraire, il peut rejoindre les étagères d’une bibliothèque soigneusement entretenue autant qu’être abandonné au hasard des rues. Parfois sur un banc, parfois dans les boîtes à livres que l’on retrouve dorénavant en de nombreux endroits.

Mais si ce dispositif s’appuie sur des idéaux et des normes informelles, il pourrait bien, comme le suggère une expérience que nous avons menée, dériver vers une logique plus marchande, qui sévit déjà ailleurs dans l’univers de la seconde main.

Don et contre-don, une logique inexprimée

Les boîtes à livres sont des bibliothèques ouvertes, mises à disposition dans des lieux publics, accessibles sans contraintes et de façon gratuite, et permettant de déposer ou de prendre des livres (ou, parfois, des revues,........

© LeCourrier


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