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Les militaires français au Tchad : la fin d’une longue histoire

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07.01.2025

Fin novembre, le Tchad a annoncé, à la surprise générale, la rupture d’un accord de défense qui le liait à Paris depuis 1976. L’armée française est donc contrainte de quitter ce territoire qu’elle considérait comme sa place forte sur le continent, et doit tourner la page de sa présence dans le pays, jusqu’alors ininterrompue depuis la période coloniale.

L’annonce par les autorités tchadiennes, le 28 novembre 2024, de la fin de l’accord de défense signé avec la France en 1976 – puis révisé le 5 septembre 2019 – a surpris les observateurs. Rien ne laissait présager que le Tchad allait rompre aussi brutalement un lien qui l’unissait à son ancienne puissance coloniale depuis plus d’un siècle.

En France, les réactions furent plus vives que celles qui avaient suivi les départs du Mali, du Burkina Faso, du Niger et même du Sénégal. Elles ont également été plus contrastées : d’un côté, une forme de bon sens rappelant que l’armée française aurait dû partir plus tôt de N’Djamena (capitale tchadienne) et de ses autres bases en Afrique ; de l’autre, l’indignation humiliée des militaires. Pour comprendre le profond attachement émotionnel de l’armée française au Tchad, il convient d’examiner la longue histoire.

Parmi les ex-colonies françaises, le Tchad se singularise par le fait que son territoire a été le théâtre de nombreuses opérations militaires françaises depuis le début de la conquête coloniale dans les années 1890-1900.

La présence coloniale française est étroitement associée au nom du commandant François Lamy. En octobre 1898, ce dernier, accompagné du géographe Fernand Foureau, avait pris la tête d’une des trois colonnes françaises chargées de converger vers le lac Tchad en application de la Conférence de Berlin (1885) qui avait fixé les règles du jeu du partage de l’Afrique entre les puissances européennes.

Alors que les deux autres expéditions avaient respecté le calendrier prévisionnel, la colonne du commandant Lamy avait été retardée de plusieurs mois du fait de l’hostilité des nomades sahariens, qui avaient fréquemment attaqué et fini par détourner la caravane, pourtant forte de 276 tirailleurs algériens, sahariens, spahis, sous-officiers et officiers français, ainsi que de quelques dizaines de porteurs et de plus de 1 000 chameaux.

Au lieu des six mois prévus, la mission Foureau-Lamy a donc mis 13 mois pour rallier Ouargla (Algérie) à Zinder (Niger). Mais elle en a tiré une certaine gloire car c’était « la première fois qu’une troupe française traversait le Sahara ». En même temps, les militaires français avaient commencé à nourrir une forme d’admiration pour les guerriers du désert.

Le 22 avril 1900, lors d’un ultime combat contre ceux qui résistaient à l’avancée coloniale française sous le commandement du seigneur de guerre soudanais Rabah, le commandant Lamy perd la vie à Kousséri sur la rive gauche du Chari. Les militaires français donnent alors le nom de Lamy au fort qu’ils ont installé sur la rive droite du fleuve.

La bourgade devint la capitale du territoire. Lorsque François Tombalbaye, premier président du Tchad (de 1960 à son assassinat en 1975), décida en 1973 de débaptiser Fort-Lamy pour remplacer ce nom par le toponyme N’Djamena (« je me repose » en arabe) à la faveur d’une campagne de retour à l’identité pré-coloniale, nombre de militaires français grincèrent des dents, car la légende coloniale du commandant était encore très présente, et le demeure encore par ailleurs au sein de l’armée française en général.

À partir du début du XXe siècle, la puissance coloniale française n’a pas contrôlé ses territoires de la même manière que les Anglais. Ces derniers avaient décidé de pratiquer l’indirect rule, c’est-à-dire de déléguer largement........

© The Conversation


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