Deux compétitions, deux mondes que tout oppose sur la planète football. Et qui en disent long sur les inégalités sociales actuelles.
Dimanche 20 août, à Sydney, finale de la Coupe du monde féminine. Une foule immense, bigarrée et joyeuse, acclame l’équipe nationale espagnole, qui vient de remporter son premier titre suprême en battant l’Angleterre. Seize ans après leurs homologues masculins en Afrique du Sud, les joueuses de la «Roja» accèdent au bonheur ultime de tout adepte du ballon rond, fille ou garçon.
Dans le stade, comme dans des millions de foyers sur tous les continents, hommes, femmes et enfants célèbrent ensemble cette belle victoire – ou pleurent l’échec des «Lionnes» anglaises. Durant un mois, le football féminin s’est joué des sarcasmes et des comparaisons boiteuses. L’autre vainqueur de ce 9e Mondial, c’est incontestablement lui.
Pendant ce temps, en Arabie saoudite, le foot business au masculin entame une aventure bien moins réjouissante. Le championnat 2023-2024 de la ligue professionnelle saoudienne, marqué par l’arrivée d’une pléiade de stars internationales, déroule ses premiers matches sous une chaleur étouffante.
«Jouer au foot comme tout le monde. Certes, ce n’est pas grand-chose sur le chemin de l’égalité. Mais dans un monde où des millions de femmes paient au prix fort le simple fait d’être nées femmes, c’est déjà beaucoup.»
Dans le sillage d’un Cristiano Ronaldo vieillissant, les Benzema, Henderson, Firmino, Kanté ou encore Mané ont tous cédé à la tentation des pétrodollars pour défendre les couleurs d’équipes dont ils ignoraient l’existence il y a peu. À la clé, des salaires mirobolants et des bonus délirants, comme la clause qui vaudra à Neymar 500’000 euros pour chaque message vantant les charmes de son nouveau pays d’adoption sur les réseaux sociaux…
Dans les stades du royaume sunnite, un public quasi exclusivement masculin observe les nouvelles idoles. Quelques envoyés spéciaux assurent que des femmes sont présentes dans les tribunes. Dans leur grande mansuétude, le roi Salmane et son fils les ont autorisées en 2018 à assister à des matches de football. Mais sur les images télévisées, il est pour l’heure bien difficile de distinguer des visages féminins. Quant au jeu proposé par Ronaldo et ses collègues multimillionnaires, il ne semble guère enthousiasmant.
S’il y a une bonne nouvelle dans l’univers du sport, c’est donc bien la montée en puissance du football féminin. Elle se fait sentir, n’en déplaise à ceux qui doutent de sa qualité, jusque sur nos pelouses helvétiques. Les chiffres ne mentent pas: sur les 335’000 joueurs licenciés que compte la Suisse, 11% sont des filles ou des femmes. À l’école, dans leur quartier ou dans leur club, elles sont de plus en plus nombreuses à s’entraîner et à progresser. Le prochain Euro féminin, que la Suisse aura la chance d’organiser en 2025, ne fera qu’accroître cet engouement.
Jouer au foot comme tout le monde. Certes, ce n’est pas grand-chose sur le chemin de l’égalité. Mais dans un monde où des millions de femmes paient au prix fort le simple fait d’être nées femmes, c’est déjà beaucoup.
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Le football féminin fait davantage rêver que Ronaldo
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25.08.2023
Deux compétitions, deux mondes que tout oppose sur la planète football. Et qui en disent long sur les inégalités sociales actuelles.
Dimanche 20 août, à Sydney, finale de la Coupe du monde féminine. Une foule immense, bigarrée et joyeuse, acclame l’équipe nationale espagnole, qui vient de remporter son premier titre suprême en battant l’Angleterre. Seize ans après leurs homologues masculins en Afrique du Sud, les joueuses de la «Roja» accèdent au bonheur ultime de tout adepte du ballon rond, fille ou garçon.
Dans le stade, comme dans des millions de foyers sur tous les continents, hommes, femmes et enfants célèbrent ensemble cette belle victoire – ou pleurent l’échec des «Lionnes» anglaises. Durant un mois, le football féminin s’est joué des sarcasmes et des comparaisons boiteuses.........
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