À une heure de Genève, la paisible ville d’Annecy a été le théâtre d’une attaque au couteau mettant en danger la vie de quatre très jeunes enfants sur une aire de jeu. Face à un homme qui s’en prend spécifiquement à des bébés dans des poussettes avec un couteau, on ne peut ressentir que de l’effroi, de la stupeur, mêlé d’incompréhension. Et de la compassion pour ceux que le drame d’Annecy a touchés de près ou de loin.
Inconnu des services psychiatriques, des services de police, marié, père d’un enfant qui a à peu près l’âge de ceux qu’il a attaqués, cet homme au statut légal de réfugié en Suède a cherché à tuer. Cette pulsion reste un mystère. À peine les faits esquissés, sans que l’on sache encore qui ou quoi, pourquoi et comment, alors que la douleur saisit l’âme d’une nation et bien au-delà, des personnalités qui ont fait profession d’exercer des responsabilités se sont emparées du drame.
Sur les réseaux, dans un pays où l’hystérisation des débats met la raison en charpie, c’est un déchaînement. Hashtag «francocide» et appel à manifester de l’extrême droite et des Zemmouriens. Un des enfants est un petit Allemand, un autre une petite Anglaise. Qu’importe. Hashtag islamisme. L’auteur, un Syrien, se proclame chrétien d’Orient et crie «Jésus-Christ» avant de passer à l’acte. Qu’importe. «Vous verrez, ils diront que c’est un malade mental», anticipe un internaute sur les réseaux. On tenterait ainsi de cacher une vérité alternative.
Jeudi, un badaud a tenté de s’interposer au péril de sa vie avant l’intervention rapide de la police. Les autorités parisiennes qui se sont vite rendues sur place, les élus locaux, comme les témoins interrogés par les médias, ont été dignes, eux. Un filet de lumière sur une ville plongée dans l’horreur.
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