C’est le printemps! La neige fond et les cabanes rouvrent pour le plus grand bonheur des randonneurs. Un soir, je me retrouve attablée avec quatre semblables dans un refuge tessinois. Au fil des discussions, nous réalisons qu’aucun d’entre nous ne possède de voiture. Étonnant, quand on sait qu’il y a environ 1,2 véhicule par ménage suisse. En pleine nature, les discussions s’orientent rapidement autour de la surconsommation, du réchauffement climatique et surtout de la crise énergétique.
Chacun tente d’apporter une réponse, se faisant le relais de solutions déjà prônées ici et là. Il faudrait utiliser davantage l’éolien, le solaire et les autres énergies «propres». Problème: la consommation est telle qu’il n’est juste pas possible de remplacer toutes les énergies fossiles par des renouvelables.
Parmi les énergies «non vertes», quelles seraient les moins polluantes? À droite, on vante beaucoup le nucléaire. Problème: les déchets sont une plaie sans nom pour la biodiversité et les êtres humains. Les scientifiques calent sur une manière sûre et efficace de les éliminer.
Et si nous faisions partie de la solution? Prenons l’exemple des voitures privées. Il n’est pas possible d’exiger leur abandon, ni judicieux de remplacer la totalité du parc par des véhicules électriques. Faire passer un bus dans chaque hameau n’a pas de sens. Pas plus qu’imposer une voiture de location aux familles. Leur demander de trimballer le siège auto, la poussette et le lit d’appoint de leurs rejetons ainsi que leur montagne de bagages d’un véhicule à l’autre frise le sadisme.
«Peu de gens rêvent de posséder un Airbus. Les avions sont pourtant remplis.»
La voiture reste toutefois encore pour beaucoup un signe de richesse et de statut social. Faire vrombir son moteur serait la meilleure manière de séduire, pensent d’autres. Il faut changer ces mentalités. La voiture n’est qu’un simple moyen de transport. Qu’importe si elle nous appartient ou non. Poussons la réflexion à l’extrême. Rares sont ceux qui rêvent de posséder un Airbus. Pourtant les usagers des grandes lignes sont nombreux.
Redonnons à la voiture la place qui lui revient: celle d’un outil. Les services de covoiturage pourraient être développés - recréant par la même occasion du lien social entre les gens. Tout comme ceux de location ou d’échanges. Parmi mes connaissances, beaucoup n’utilisent leur voiture qu’occasionnellement. Ils la sortent pour aller en vacances au fin fond du Jura ou des Grisons. Il n’est pas question de limiter leurs loisirs ou leur confort. Juste de les amener à partager leur moyen de locomotion lorsqu’ils ne l’utilisent pas.
Tout espoir n’est pas perdu! Un bon ami, fervent défenseur des voitures, est passé au covoiturage depuis que sa femme travaille à quelques pâtés de maisons de son entreprise. Il faut seulement un peu de bonne volonté. Dans une cabane de montagne, on partage bien sa maison avec des inconnus. Pourquoi ne pourrions-nous pas en faire de même avec nos moyens de transport?
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