Pourquoi la hausse du prix des mémoires vives informatiques est une menace pour l’économie européenne
Les mémoires vives de type RAM sont des composants essentiels des produits électroniques et informatiques. Leur prix a fortement augmenté ces dernières semaines. Pour certains d’entre-eux, le prix a même été multiplié par quatre ou cinq en quelques semaines. Comment expliquer cette évolution ? Quel impact cela pourrait-il avoir sur le prix des ordinateurs, mais aussi sur l’inflation ou sur le développement de l’intelligence artificielle ? Les économies européennes seront-elles atteintes ? Julien Pillot répond à nos questions.
The Conversation : Pourquoi assiste-t-on depuis quelques semaines à une forte hausse du prix des mémoires vives ?
Julien Pillot : La hausse des prix concerne certains types de mémoires vives (RAM), qui constituent un ensemble beaucoup plus large. C’est l’évolution du prix de la DDR5 et la HBM3 qui inquiète de nombreux analystes actuellement. Pour comprendre les évolutions en cours, il faut avoir en tête que ces formats de mémoire vive sont essentiels à deux usages : la DDR5 est utilisée pour faire fonctionner l’ensemble de nos équipements informatiques et électroniques grand public, à des fins notamment de bureautique ou de gaming, quand la HBM est destinée aux supercalculateurs, essentiellement à des fins d’entraînement des intelligences artificielles (IA). Or, sur ce dernier point, nous observons une accélération sensible de la demande, en lien avec le vif engouement pour l’IA depuis deux ans et la construction de centres de données qui va de pair. Cette pression très forte de la demande explique le phénomène, suivant les canons de l’économie : quand la demande augmente et que l’offre ne suit pas, le prix croît. C’est d’autant plus vrai que cette croissance ne pouvait être que très imparfaitement anticipée, et que le secteur des composants informatiques connaît très souvent des cycles de surproduction/sous-production plus ou moins courts.
*Quel impact cela peut-il avoir ?
J. P. : L’augmentation des coûts de fourniture est une chose, mais il y a également un risque que les délais de production s’allongent, et que les prix des produits finis augmentent pour le grand public. Pour bien comprendre ce qui se passe, il faut avoir en tête que la production est principalement le fait de trois entreprises : les Coréens SK Hynix et Samsung d’une part, et l’Américain Micron d’autre part. Cet oligopole très concentré réalise près de 93 % de la production mondiale. Pour faire face à la croissance de la demande, ils doivent puiser dans leurs stocks, mais surtout augmenter leur capacité de production, ce qui veut dire très concrètement construire de nouveaux sites ou agrandir les sites existants. Outre que créer de nouvelles unités de production prend du temps, cela représente aussi un important investissement.
Ces acteurs sont donc placés devant un dilemme : la hausse de la demande sera-t-elle suffisamment durable pour justifier ces investissements ? Rien ne serait pire pour ces acteurs que de se retrouver, à terme, avec des surcapacités de production qui, non seulement s’avèreraient difficiles à amortir, mais en outre pourraient créer un choc déflationniste sur leur production, © The Conversation





















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