Partant du constat que le néolibéralisme et le marché, censé être capable de s'autoréguler, ont échoué sur le plan écologique, le sociologue Razmig Keucheyan et l'économiste Cédric Durand plaident pour un changement de système économique, dans Comment bifurquer (Zones).

Ainsi la « bifurcation » qu'ils proposent comme projet de société s'appuie sur deux piliers : des réformes économiques, afin d'aboutir à une vraie « planification écologique », et des modifications institutionnelles, devant mener à plus de démocratie. Car, pour les deux universitaires, une véritable transition écologique n'est réellement possible que si elle s'appuie sur la décroissance, la justice environnementale et sur la démocratie économique.

Marianne : Depuis 2 ans et le discours des diplômés de AgroParisTech, qui ont exprimé leur volonté de déserter le capitalisme, il est beaucoup question de « bifurcation ». Mais ce n'est pas en ce sens que vous entendez le terme…

Razmig Keucheyan : On admire ces bifurcations d'ingénieurs qui refusent de se mettre au service de ce monde d'inégalités et de destructions environnementales ! Mais ce n'est effectivement pas le sens du mot « bifurcation » de notre livre.

Notre objectif est de faire bifurquer la société dans son ensemble, en commençant par l'économie. En ce sens, « bifurcation » est un substitut à « transition écologique ». C'est très simple : si vous pensez, comme Joe Biden ou les dirigeants de l'Union européenne, qu'il suffit de remplacer toutes les voitures thermiques par des voitures électriques mais sans diminuer le nombre de voitures en circulation, vous êtes dans la « transition écologique ».

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