Entrepreneurs, prendrez-vous le temps d’aller vite en 2026?

EXPERT INVITÉ. Dans le cadre du cours que je donne à l’université, à la suite des oraux de fin de session, j’ai pris le temps de discuter avec un groupe d’étudiants de la structure de leurs présentations.

Plusieurs avaient commencé par leurs conclusions avant même d’expliquer le chemin parcouru. Le storytelling était inversé.

Ce n’était ni un manque de rigueur ni une erreur méthodologique. C’était un automatisme forgé par un environnement où l’on apprend qu’il faut livrer la valeur immédiatement, rassurer et capter l’attention en quelques secondes.

Ce phénomène dépasse l’université. C’est le reflet d’un contexte culturel plus large.

Nous vivons dans des récits compressés. Des histoires plus courtes, des arcs narratifs accélérés, des résolutions immédiates.

En 2004, une série moyenne en Amérique du Nord comptait 24 épisodes. En 2024, c’est dix. En 2017, Netflix laissait dix secondes avant de lancer automatiquement l’épisode suivant. Aujourd’hui, c’est cinq.

On ne réduit pas seulement la durée. On réduit l’espace entre les choses.

Pourtant, des œuvres comme Breaking Bad ou The Wire tiraient leur puissance de leur lenteur, osant installer un monde avant l’action. Dans notre économie de l’attention fragmentée, elles auraient probablement été annulées avant de naître.

Pour survivre dans cette économie, une partie de l’industrie triche. Pas partout, mais de plus en plus souvent.

On commence par la fin. On la suggère, on l’annonce,........

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