Des furoncles dans notre paysage
Chaque ville du Québec possède son lot de bâtiments abandonnés, ces épaves qui, tranquillement, se dégradent, offusquant la beauté du paysage. Comme nous le rappelaient récemment les journalistes du Devoir Zacharie Goudreault et Jean-François Nadeau, Montréal à elle seule compterait quelque 800 de ces furoncles impossibles à dissimuler. Chacun de ces bâtiments vacants et abandonnés traîne son histoire et son pedigree, mais tous heurtent l’oeil et choquent la morale dans un contexte où le logement manque.
Au détour d’une rue, à Montréal, voici une de ces ruines. Elle trône là depuis des années, ses ouvertures barricadées, sa maçonnerie grignotée par les intempéries, ses entrées forcées par des occupants de fortune. L’immeuble n’est plus chauffé depuis belle lurette — en contravention totale avec les règlements en vigueur — et n’est pas alimenté en eau. Mais malgré les apparences tristounettes, ce bâtiment trône sur un terrain dont la valeur est enviable. Son propriétaire n’a que faire du bâti, car il attend peut-être l’affaire alléchante qui lui permettra de vendre la terre. En attendant cette occasion, l’immeuble périclite.
C’est entre autres ce que nos reportages ont démontré. Sous un angle urbanistique, l’affaire est choquante, car ce défi de la vacance dégrade l’impression générale que dégage la ville. Sous un angle de justice sociale, c’est on ne peut........
© Le Devoir
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