De régions à centres de gravité

Chaque mardi, Le Devoir offre un espace aux artisans d’un périodique. Cette semaine, nous vous proposons un texte paru dans Jeu, n° 192 (automne 2024).

Lorsque l’on évoque la création artistique dans les « régions » du Québec, l’image bucolique et un brin condescendante qui a longtemps prévalu ne tient plus.

Si proches et pourtant si éloignées des métropoles économiques et administratives, elles s’assument en véritables centres de gravité, entourés d’une activité effervescente. Contrairement à Montréal ou à Québec, les créateurs dans ces villes et ces villages sont conscients des dangers de la centralisation et, par conséquent, évitent d’agir à leur tour en centrifugeuse qui aspirerait toute la créativité régionale.

Victimes, encore parfois, d’un regard condescendant de leurs collègues « centrés », ils, contre vents et marées, peuvent savourer le fait d’être de plus en plus nombreux à vivre le rêve du « j’y suis, j’y reste » créatif. Les artistes excentrés sont également conscients d’être souvent considérés comme des « excentriques » par leurs collègues des métropoles parce qu’ils ont décidé de vivre et de travailler dans leur patelin d’origine ou d’adoption.

Cette volonté souvent inébranlable a pu être alimentée en partie par la pandémie, mais on retrouve chez ces créateurs une démarche à........

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