Se faire rouler dans la farine
Vers la fin des années 1980, les étoiles semblaient alignées pour que le Canada se dote d’un train à grande vitesse (TGV) pour remplacer le service médiocre qu’offrait VIA Rail dans son corridor le plus achalandé, entre Québec et Windsor. Sous la direction de l’infatigable Laurent Beaudoin, Bombardier — devenu l’un des plus grands constructeurs de matériel roulant ferroviaire au monde — venait d’acquérir les droits nord-américains du TGV français. M. Beaudoin s’était donné pour mission de convaincre les gouvernements de l’Ontario et du Québec, ainsi que le gouvernement fédéral, de sauter à bord de son grand projet de relier Toronto et Montréal en moins de trois heures par train.
L’inauguration de la ligne de TGV entre Paris et Lyon, en France, avait créé un engouement pour des trains rapides partout, et le Canada ne faisait pas exception au phénomène. Le moment semblait propice pour mettre fin à l’immobilisme de nos gouvernements. Les premiers ministres libéraux des deux provinces concernées, Robert Bourassa et David Peterson, respectivement, semblaient plutôt emballés par l’idée de M. Beaudoin. Un groupe de travail mis sur pied par les deux premiers ministres avait évalué le coût d’un train pouvant atteindre une vitesse de 300 km/h dans le corridor Québec-Windsor à un peu plus de 7 milliards de........
© Le Devoir
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