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Le mythe du gourou

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15.11.2024

Ainsi, nous serons sauvés. Ça manquait de nouveaux gourous depuis Raël et son harem. Dieu sait que j’ai essayé, mais j’ai une allergie aux gourous. Wokes ou alphas, namasté ou « ton corps, mon choix », influenceurs YouTube ou coachs de séduction bricolés, avec une barbe, un foulard ou une croix dans le cou, des tatouages fâchés ou des boucles d’oreilles, une voix mielleuse de croissance personnelle ou pompés au gym avec une casquette assortie d’un « wife beater ». Il faut les entendre râler en poussant de la fonte ; ça me donne envie de mimer un orgasme.

Les gourous ont un trait commun : ils détiennent une réponse. Il ne s’agit que de trouver la question.

La nouvelle vague est plutôt virile, portée sur des signes extérieurs de masculinité toxique associés aux gorilles (mes excuses à Jane Goodall et aux primates). Et pas n’importe lesquels, les alphas à dos argentés, surnommés les « silverback ». Ce mot de slang, employé comme verbe également, désigne des mâles dominants qui tournent le dos aux autres.

Dans un texte de 2016 publié dans Aeon, le biologiste et professeur émérite de psychologie à l’Université de Washington David P. Barash se demandait « Is God a silverback ? ». Autrement dit, nous avons créé des dieux à l’image du mâle alpha. Pas étonnant que les masculinistes se tournent vers Dieu (et la NRA pour conserver leur permis de AR-15). Leurs compagnes, elles, se soumettent à eux, entre la génuflexion et le devoir conjugal.

Ce que Barash note des qualificatifs attribués à Dieu et au silverback : « great » (comme dans Make America Great Again), « big » (la grosseur d’une foule ou comme dans « the big swinging dick », l’homme en charge), « scary » (faut faire peur quand on dirige un harem), « wilful » (avoir des opinions fortes), « protective » (on va les protéger, « qu’elles le veuillent ou non », a dit Trump), « guy » (bien sûr que c’est un homme, un vrai), « et notre dieu alpha est peut-être solitaire comme déité, mais — comme les humains alphas depuis la préhistoire — il a de nombreux disciples bêta, gamma, delta, etc. ».

Les belles âmes arrivent difficilement à croire au mal, à l’ingratitude, il leur faut de rudes leçons avant de reconnaître l’étendue de la corruption humaine.

J’ai écouté les commentaires de Mathieu Bock-Côté sur le documentaire Alphas, cette semaine, au micro de........

© Le Devoir


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