De pluie et de chaos
Dernier niveau d’intensité à l’échelle de la pluie et du beau temps, les météorologues pleurent en ondes. Une simple ondée, mais qui devient virale, comme pour John Morales, à Miami, la semaine dernière, annonçant l’ouragan Milton passé de force 1 à 5 en quelques heures. Les prévisions météo en studio s’accompagnent d’images 3D, de l’eau jusqu’à 3 mètres derrière les présentateurs. Les effets spéciaux font désormais partie de ce métier d’avenir qui chevauche les prédictions apocalyptiques et le quotidien ponctué d’intempéries soudaines.
Nouveaux Bruce Willis du climat, ils nous feront la pluie et le mauvais temps dans les décennies à venir. Nous serons suspendus à leurs lèvres, guettant les moindres signes de défaillance de leur part. Ils nous apprennent aussi de nouveaux mots qui pimentent le jeu : derecho, mascaret, suête. Le suspense est au top.
— On regarde quoi ce soir ? Netflix ?
— Je prépare le popcorn ! Mets The Weather Channel ! Y’a un ouragan qui s’en vient.
Mais le pire, c’est qu’on peut déjà prévoir que nous entrons dans l’ère de… l’imprévisible. Marseille a été inondée deux fois dans le dernier mois, Cannes aussi fin septembre, une cellule orageuse spectaculaire et soudaine. On a reproché aux météorologues de dormir sur leur cumulonimbus. Et c’est sans parler de la tempête Kirk dans le nord de la France la semaine dernière, remettant le bermuda à la mode. Et du désert du Sahara inondé cet automne, une première en 50 ans.
Un article du Monde demandait récemment : « Sommes-nous devenus des météo-maniaques ? ». La recherche de divertissement passera par là. L’illusion de contrôle sur notre environnement aussi. Et on fait tous du show-business. Dame Nature nous offre un spectacle gratuit et renouvelable.
Ainsi s’écoule toute la vie, on cherche le repos en combattant quelques obstacles. Et si on les a surmontés, le repos devient insupportable par l’ennui qu’il engendre. Il en faut sortir et mendier le tumulte. Car ou l’on pense aux misères qu’on a ou à celles qui nous menacent.
Mon ami Richard Harvey pleure déjà en observant une éclipse ou en chassant la comète C/2023 A3, mais il ne regarde jamais MétéoMédia : « Je ne toffe pas trois minutes. » Comme météorologue, il a travaillé pendant 33 ans pour Environnement Canada à fabriquer des modèles de simulation climatique « qui allaient servir les décideurs de ce monde ».
Chose certaine, si les décideurs de ce........
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