Le jour des souvenirs
En juillet 1918, le journal La Presse, sur la pleine largeur de sa une, en gros caractères d’imprimerie, donne à lire un titre fracassant : « Le peuple aux barricades ». Que se passe-t-il ? Une volonté collective de remettre en cause le système politique gagne-t-elle soudain du terrain ? Se trouve-t-on au bord d’une révolution, comme c’est le cas en Allemagne, à la suite de mutineries de soldats et de la constitution d’assemblées d’ouvriers choqués du sort qui leur est réservé ?
En Allemagne, en Hongrie, en Slovaquie, en Ukraine, en Italie, les occupations d’usines par les ouvriers se multiplient. En Espagne, des luttes au sein du monde industriel laissent des marques profondes. En Irlande, des réunions d’ouvriers montrent une volonté nouvelle de s’organiser. En Inde et en Chine, les prémices de grands mouvements de libération voient le jour. Pendant un court moment, même la révolution russe, avant qu’elle ne dévoile sa vraie nature, fait espérer des jours meilleurs pour l’humanité.
Au sortir de cette Grande Guerre, dont le jour du Souvenir, chaque 11 novembre, doit nous rappeler l’effroyable boucherie, le monde ordinaire éprouve, d’une nouvelle manière, son poids sur les affaires du monde. Comment pourrait-il désormais ignorer que c’est bien de ses bras et de ses jambes que profite la puissance de l’économie ? Comment pourrait-il ne pas sentir que c’est de lui que dépend aussi la composition des bataillons voués à servir de chair à canon ? Les exploités de tous pays n’acceptent plus la vie chère et le fait d’être sous-payés.
Quatre........
© Le Devoir
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