L’heure est grave
De toutes les questions dont il convient de discuter en société, comment celle du changement d’heure d’été réussit-elle à se retrouver à la surface de l’actualité au point de susciter des consultations publiques ?
Heure d’hiver ou heure d’été ? Décidez !
Cela fait penser aux débats passionnants qui avaient cours, dans les années 1970, sur la couleur de la margarine par rapport à celle du beurre. De mémoire, un de nos grands moments de débat de société passionné…
Nous vivons au coeur d’un monde où tout est chronométré. Chaque moment est découpé, saucissonné, comme une matière première à exploiter. Nos pas comme nos repas, en passant par les battements de notre coeur la nuit. Tout est mesuré, programmé, planifié, structuré, tranché. Le métro, le boulot et le dodo autant que le lolo et les bobos. À quelle logique cela obéit-il ? « It’s the economy, stupid », résumait le conseiller de Bill Clinton à l’époque de sa course à la Maison-Blanche. Sous ce grand chapiteau, nos vies sont marchandées au prix de sacrifices qui n’ont pas été consentis. Vous ne l’aviez pas compris ? Clinton le répétait : « It’s the economy, stupid ».
Voici que l’État, avec l’apparat publicitaire des grandes annonces, vous accorde un droit inestimable. Non pas celui de choisir quand et comment vous userez de vos forces, mais celui, combien grandiose, de choisir l’heure de votre lever pour vous rendre au travail, et celle de votre coucher, quand vous sombrerez de fatigue, lessivé par votre journée. Entre les deux, strictement rien ne sera changé.........
© Le Devoir
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