Aux larmes, citoyens!
À la fin d’octobre 1937, le chef de l’extrême droite canadienne, Adrien Arcand, est accueilli par une bruyante ovation au podium d’un grand rassemblement tenu à l’hippodrome de New York. Il séjourne aux États-Unis, depuis quelques jours, pour contribuer à préparer l’événement. À l’occasion de son discours, il porte un complet sombre et sobre, à la différence de plusieurs invités qui arborent, eux, des uniformes et des symboles colorés inspirés de l’univers de la croix gammée.
Dans les années 1930, se pavaner en uniforme quand on défend les idées d’une droite sulfureuse, cela va de soi. Personne ne semble s’en troubler outre mesure. Arcand revêt même un uniforme flanqué d’une croix gammée pour se rendre travailler à L’Illustration nouvelle, le journal où il a son bureau, dans un bel édifice neuf, situé rue Marie-Anne à Montréal. Cela lui évite de devoir se changer en soirée, à l’heure de tenir ses assemblées.
Les partisans d’Arcand portent, tout comme lui, une chemise d’un bleu sombre, taillée dans une matière rêche. Dans les années 1930, à la ville comme à la campagne, on croise ces militants qui arborent, sans gêne, cette araignée gorgée de sang qu’est le swastika. Reste que l’uniforme et ses symboles ne sont que des accessoires. Arcand sera, après la Seconde Guerre mondiale, l’un des premiers à le clamer, tout en continuant de défendre un même corps d’idées.
Pourquoi se parer d’un uniforme paramilitaire quand les idées, déclinées selon les tangentes, peuvent progresser encore mieux, au pas cadencé, grâce aux relais........
© Le Devoir
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