Je me souviens de Vertières

Aux yeux de l’auteur Orlando Ceide, le nom de la future station de la ligne bleue permet un dialogue entre l’histoire d’Haïti et celle du Québec ; un trait d’union entre deux communautés liées depuis longtemps.

Je me souviens d’une conversation avec un ami indépendantiste.

Nous parlions de souveraineté après la parution du livre de Jean-François Lisée Lévesque/Trudeau : leur jeunesse, notre histoire. Lui, affichant une conviction ferme avivée d’un éclat d’impatience, répétait que le Québec devait franchir ce pas, tôt ou tard. Avec une ironie mordante, je lui rappelais que ce mot n’avait pas la même résonance selon l’histoire que l’on porte.

Au Québec, l’indépendance reste un horizon tranquille, une idée fragile qui s’écrit dans des débats parlementaires, des votes et des référendums, toujours remis à demain.

Pour Haïti, l’indépendance fut une bataille gagnée dans le sang, un cri qui a arraché sa légitimité à la force des armes. Ici, une aspiration sans cesse différée. Là-bas, une urgence vitale face au Code noir.

Cette conversation m’est revenue brutalement un matin, en lisant sur mon écran que la STM avait choisi de nommer une station de métro « Vertières ». Geste simple, mais lourd de mémoire. Car nommer une station, c’est graver dans la ville........

© La Presse