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Cinq femmes pour m’extirper de mes lectures viriles

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J’attendais mon ami à la station Mont-Royal, le dernier soir de novembre. Une de ces soirées où le froid n’a rien de charmant. La fin de novembre n’est pas seulement l’arrivée du temps des Fêtes, mais un état mental. Mon ami et moi gardons notre rituel : traîner au bar Bílý Kůň.

Nous bavardons comme si le fait de mettre des mots sur nos conditions d’immigrés nous aiderait à tenir jusqu’à la fin de l’hiver. Nous avons une obsession un peu ridicule : retrouver la chaise sur laquelle Nelly Arcan aurait pu s’asseoir, dans ce bar où son absence semble plus présente que les clients. Chercher une chaise, c’est notre manière d’assurer une place dans un Québec où rien ne semble appartenir à personne.

Nous commandons deux pintes d’IPA. Une chanson de Valérie June flotte dans l’air, suivie de celle de Pierre Lapointe/Random Recipe, enveloppant le bar d’une étrange intimité.

Mon ami me demande : « Quoi de neuf pour la fin de ce mois ? » Je lui réponds avec un sourire délibérément moqueur : « Manger… » Il éclate de rire.

Après une gorgée de bière, je précise : « Pas ce que tu crois. Je parle de dévorer les cinq livres choisis par Châtelaine⁠1 : Je n’ai personne à qui dire que j’ai peur, La robe en feu, Il faut beaucoup........

© La Presse