Le boys club et les endormies
A lieu en France, en ce moment, et jusqu’en décembre prochain, le procès de Mazan. Voici le cas d’un homme qui, pendant 10 ans, a donné des somnifères à sa conjointe, Gisèle Pélicot, soir après soir, afin qu’elle se fasse violer par lui et par plus d’une cinquantaine d’hommes invités à le faire.
Ces hommes, trouvés par l’entremise d’un site web, partageaient un même désir criminel : agresser sexuellement une femme inconsciente. Une femme soumise chimiquement.
Le mari n’a jamais nié ses crimes : des milliers de photos, prises par lui, les documentent et ont permis à la police de révéler à la victime ce qui lui était fait depuis des années sans qu’elle le sache. Des symptômes physiques (fatigue, pertes de mémoire) n’ont mis la puce à l’oreille d’aucun médecin, d’aucun gynécologue. Les somnifères étaient si puissants que la victime, chaque matin, sortait d’une sorte de coma, parfaitement inconsciente de ce qu’on lui avait fait subir la veille.
J’écris ces lignes et j’ai la nausée. Depuis la première mention de cette histoire, il y a deux ans, je repense aux contes de fées de mon enfance, aux innombrables incarnations de femmes ensommeillées, presque mortes, et sorties de leur torpeur par le baiser d’un prince – depuis Blanche-Neige et les sept nains qui la « veillent » et la Belle au bois dormant, jusqu’aux Belles endormies de Yasunari Kawabata (1961) où un homme âgé paye pour........
© La Presse
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