Kamel Daoud remporte le prix Goncourt, le prix Renaudot pour Gaël Faye
Kamel Daoud a obtenu la première récompense pour Houris. Gaël Faye, la seconde, pour Jacaranda. Deux romans qui prennent en compte, avec une force indéniable, des tragédies sanglantes vécues dans leurs pays respectifs.
Ce n’est pas une surprise. Kamel Daoud remporte le prix Goncourt pour son troisième roman, Houris, paru chez Gallimard. Le livre a été élu dès le premier tour de scrutin, avec six voix contre deux à Hélène Gaudy pour Archipels (l’Olivier), une à Sandrine Collette pour Madelaine avant l’aube (JC Lattès) et une au Franco-Rwandais Gaël Faye pour Jacaranda (Grasset), lequel reçoit le prix Renaudot.
Dans Houris (c’est ainsi que sont nommées les vierges censées accueillir le croyant au paradis), l’écrivain franco-algérien passe au crible la « décennie noire » de la guerre civile (1992-2002) dans son pays natal, par la voix étouffée d’une jeune Oranaise, prénommée Fajr (l’aube), mutilée parce qu’alors mal égorgée. Sa blessure court d’une oreille à l’autre sur 17 cm, la privant de cordes vocales. Aube la mutique est « porteuse de l’histoire d’une guerre entière inscrite sur sa peau ». Elle est ainsi le vivant stigmate de la violence collective qui a ravagé l’Algérie, quand des groupes islamistes affrontèrent l’armée en semant la terreur, faisant environ 200 000 morts. Victime sans voix, l’héroïne, en cette veille de l’Aïd, est enceinte d’une enfant dont elle veut avorter. L’Algérie de l’année 2018 peinte par Daoud........
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