Science, industrie et territoire : pour la transition écologique dans les H...

À Dunkerque, les cheminées des usines sidérurgiques se dressent encore face à la mer du Nord. Elles témoignent d’un passé où l’acier faisait la force économique de la région, et d’un présent où cette même industrie s’engage à se réinventer pour réduire son empreinte carbone. Avec environ 293 584 salariés dans l’industrie fin 2020, soit près de 9% de l’emploi industriel national (INSEE, 2025), les Hauts-de-France se présentent comme un pilier important de l’industrie française. Mais cette force a un revers. A elle-même, la région générait 44,7 Mt éq CO₂, soit 12,6% des émissions nationales, dont environ 37% proviennent de l’industrie manufacturière (DREAL Hauts-de-France, 2025, p.2).

Les dernières données disponibles (Pôlénergie, 2025) laissent entrevoir une baisse notable des émissions régionales de gaz à effet de serre (GES), mais cette évolution doit être interprétée avec prudence. Entre 2022 et 2023, les émissions industrielles des Hauts-de-France seraient passées de près de 20 à 15 Mt de CO₂, soit une réduction d’environ 25%. Ce recul s’explique moins par une rupture structurelle que par un contexte économique tendu : ralentissement de la production sidérurgique et métallurgique, baisse de l’activité dans le verre et l’agroalimentaire, coûts énergétiques élevés. Par exemple, l’arrêt temporaire d’un haut fourneau à ArcelorMittal Dunkerque aurait à lui seul contribué à 3 Mt de CO₂ évitées. En réalité, cette baisse relève surtout d’un effet conjoncturel. Il faudra combiner des transformations de fond avec des leviers plus immédiats afin de réduire les émissions sans affaiblir la compétitivité régionale.

C’est tout l’enjeu d’une transition écologique à forte empreinte industrielle : comment faire d’un bastion industriel historique un moteur d’innovation durable et de sobriété énergétique ?

Le territoire se présente aujourd’hui comme l’un des laboratoires français de la décarbonation. Depuis dix ans, la région a engagé une mutation ambitieuse, portée par plusieurs dispositifs complémentaires. Rev3 (2013) a posé les bases d’un modèle économique décarboné et circulaire. La Stratégie de Spécialisation Intelligente – S3 (2014) a orienté la recherche et l’innovation vers la bioéconomie, la mobilité durable, la santé-nutrition ou les industries culturelles. Enfin, les volets MARCO et ECRIN du CPER 2021-2027 renforcent aujourd’hui cette orientation en soutenant la mobilité durable, la valorisation de la recherche et la décarbonation industrielle.

Mais pour que ces initiatives deviennent pérennes, il faut plus qu’un cadre politique ou des financements. La........

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