Réchauffement climatique : l’urgence du méthane, la contradiction française

La COP30 climat s’est tenue à Belém, du 10 au 21 novembre 2025. En amont, le gouvernement français a publié un dossier de presse. Des enjeux y sont présentés, dont « Agir rapidement contre les super polluants comme le méthane devrait permettre de renforcer nos chances de respecter les objectifs de température de l’Accord de Paris ». Trois objectifs d’atténuation y sont énoncés, dont « mobiliser nos partenaires pour accélérer la réduction des émissions, par exemple en agissant pour lutter contre les émissions de super polluants comme le méthane ». À savoir, dans le réchauffement climatique actuel d’origine humaine, le poids du méthane (CH4) se situe dans une fourchette stochastique de médiane 65 % du poids du CO2 (Shindell et al., 2024), cela malgré sa faible concentration, du fait de la puissance de son effet de serre.

Bien poser le problème

Le contexte des prochaines décennies a pour marqueur un haut niveau d’imprévisibilité, en particulier sur les rétroactions positives (i.e., amplificatrices du réchauffement) qui n’ont pas pu être prises en compte par les scénarios du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Nous citons ici deux phénomènes physiques susceptibles de telles rétroactions au fort potentiel d’émissions de CO2 et de CH4 : la fonte de glaciers polaires (Wadham et al., 2012 ; Christiansen et al., 2021 ; Delepouve, 2023, p. 240-245) ; la désagrégation d’hydrates de méthane des fonds marins (Elliott et al., 2011 ; Delepouve, 2023, p. 250-256). Les perturbations liées au vivant sont encore plus imprévisibles. Ainsi, l’impact du réchauffement des océans sur le vivant marin présente le risque de réduire la fonction puits de CO2 des zones maritimes (Tagliabue et al., 2011 ; Delepouve, 2023, p. 256-263). Un emballement du réchauffement menace.

Freiner au plus vite le réchauffement est donc une urgence. Le dioxyde de soufre (SO2) émis dans l’atmosphère lors du recours aux énergies fossiles mérite l’attention. Sa présence dans l’atmosphère génère des aérosols. Or, le SO2 et ses aérosols ont un effet albédo, c’est-à-dire qu’ils réfléchissent la lumière du soleil. Si bien qu’ils atténuent le réchauffement climatique, à une hauteur très probablement comprise entre 0,11°C et 0,68°C (Delepouve, Bocquet, 2025). La sortie des énergies fossiles devrait donc entraîner une élévation de la température terrestre de la même hauteur, à laquelle il faudrait soustraire la baisse de température occasionnée par la fin des émissions de CO2 et de méthane dues aux énergies fossiles.

Cependant, les choses ne sont pas si simples, et ne se résument pas à une soustraction, car les durées de vie du CO2, du CH4 et du SO2 et de ses aérosols sont différentes. Le SO2 et ses aérosols ont une durée de vie médiane de moins de deux ans, le CH4 d’environ une décennie, le CO2 de plus d’un siècle. À ce sujet, en 2013, le GIEC alertait déjà sur le « risque d’entraîner un réchauffement rapide à court terme » (Extrait du RT de........

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