Le Grand Conseil vaudois est composé de certaines personnalités brillantes, mais il n’est pas toujours la manifestation d’une intelligence collective. Par exemple, le 23 mai dernier, les députés ont voté une motion PLR intitulée «Rendons au Canton de Vaud sa lettre de noblesse». Le Conseil d’État va donc devoir présenter un projet de décret modifiant une directive pour que «le Canton de Vaud porte une majuscule initiale sans exception». Autant demander à l’Académie française d’adopter une disposition sur l’aménagement du territoire. Cela donne une idée de la vacuité du texte voté.

Le degré de badinerie du Grand Conseil se mesure également à l’inflation du nombre de résolutions déposées par ses membres. Un outil parlementaire qui relève du «vœu» ou de la «déclaration» sur un sujet d’actualité. Une résolution sert d’abord à faire de l’agitation politique et à amuser la galerie. Sauf qu’il n’y a jamais grand monde à la galerie du public du parlement cantonal.

De l’agitation, il y en a encore eu mardi dernier. La députée d’Ensemble à Gauche Elodie Lopez a fait remarquer au PLR Jean-Luc Bezençon qu’il n’était pas «irréprochable» en matière de harcèlement sexuel. Le libéral-radical s’est fâché tout rouge, a exigé des excuses et menacé de déposer une plainte pénale. Après une heure de suspension de séance, les députés PLR et UDC ont quitté la salle par «solidarité» avec leur collègue. Faute de quorum, la séance a été levée à 15 h 30. Direction la buvette.

«Il faut bien reconnaître que «l’autorité suprême du canton» ne fait pas toujours honneur à la grandeur du Canton.»

Dans la foulée, plusieurs députées ont dénoncé les attitudes déplacées de certains hommes au sein du parlement. Il est question de propos sexistes, de main aux fesses. On est loin du serment auquel les élus ont promis de se conformer lors de la cérémonie d’assermentation. Jeudi, Jean-Luc Bezençon s’est dit «absolument désolé». Il n’est plus question de plainte.

Ce triste cirque a eu un écho hors des frontières cantonales. La dernière fois que les «travaux» parlementaires vaudois ont eu autant d’audience, c’est lorsque la présidente de l’époque, Laurence Cretegny (PLR), a jugé opportun d’imiter l’accent congolais à la tribune. Il faut bien reconnaître que «l’autorité suprême du canton» – avec «c» minuscule comme écrit dans la loi sur le Grand Conseil – ne fait pas toujours honneur à la grandeur du Canton – avec «C» majuscule.

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QOSHE - La «noblesse» du Grand Conseil - Renaud Bournoud
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La «noblesse» du Grand Conseil

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03.06.2023

Le Grand Conseil vaudois est composé de certaines personnalités brillantes, mais il n’est pas toujours la manifestation d’une intelligence collective. Par exemple, le 23 mai dernier, les députés ont voté une motion PLR intitulée «Rendons au Canton de Vaud sa lettre de noblesse». Le Conseil d’État va donc devoir présenter un projet de décret modifiant une directive pour que «le Canton de Vaud porte une majuscule initiale sans exception». Autant demander à l’Académie française d’adopter une disposition sur l’aménagement du territoire. Cela donne une idée de la vacuité du texte voté.

Le degré de badinerie du Grand Conseil se........

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