Pour nourrir les grandes tablées sans se ruiner, rien de tel que les pâtes. Mais l’inflation n’a pas épargné l’aliment préféré des familles de notre pays: en un an, le prix des spaghettis premier prix de la Coop et de la Migros a augmenté de 27%. Chez Aldi et Lidl, la hausse est de 36%!
Ces «adaptations» seraient dues au coût croissant des matières premières et de l’énergie, justifient ces distributeurs en réponse à nos questions. Étrange, car selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les tarifs du blé ont chuté de près de 40% en un an sur les marchés mondiaux…
Alors, qui sont les profiteurs de l’inflation? Les grands groupes agroalimentaires d’abord, dont plusieurs rapports montrent que leurs bénéfices ont explosé avec l’envolée des prix. Mais les associations de consommateurs accusent aussi les supermarchés de gonfler leurs marges – une pratique favorisée par le manque de concurrence.
Nos recherches montrent que sur plusieurs produits essentiels, les augmentations en rayon semblent injustifiées. Mais les enseignes refusent systématiquement d’entrer dans les détails. Contrairement à la France, qui dispose d’un outil statistique sur le sujet, il n’y a aucune transparence en Suisse, en raison du «secret des affaires».
«Lorsque l’information manque, c’est le soupçon qui s’installe. Pendant que nous peinons à remplir notre frigo, d’autres s’engraissent.»
Lorsque l’information manque, c’est le soupçon qui s’installe. Pendant que nous peinons à remplir notre frigo, d’autres s’engraissent – surtout les supermarchés, imaginent bon nombre de clients. Sinon, comment expliquer qu’on nous vende du bœuf le double du prix acheté au producteur?
Une solution, qui sera étudiée au Conseil national en août prochain, serait de créer un véritable observatoire des prix. Qui pourrait décomposer le coût des produits et pointer du doigt les intermédiaires qui, tout le long de la filière, abusent. Les distributeurs râlent déjà… Mais pour une fois, ils pourraient ne pas avoir le dernier mot: des députés de tous les partis politiques ont signé cette initiative parlementaire.
En attendant qu’elle soit votée, les ménages de ce pays n’ont plus qu’à prier pour que leur supermarché baisse le prix des spaghettis et de la viande. Sans quoi la bolognaise pourrait bien devenir un plat de luxe.
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