L'affiche sera la même, mais en pire. Donald Trump devrait écraser ses adversaires républicains, même s'il est condamné. Joe Biden veut se représenter, malgré son déclin accéléré. Dans le plus sombre des scénarios, les électeurs pourraient choisir entre un candidat incarcéré et un autre hospitalisé.
L'un fera campagne devant les tribunaux, puisque son calendrier judiciaire recoupe celui des primaires. Son premier procès, pour avoir tenté d'inverser le résultat de la présidentielle de 2020, est agendé au 4 mars, à la veille du Super Tuesday, date clé de la course à l'investiture. Deux autres procès suivront avant la convention républicaine de juillet. Donald Trump n'aura pas besoin de multiplier les meetings. Il se contentera de dénoncer «une chasse aux sorcières», assuré de creuser l'écart à chaque passage devant les juges.
Quant à Joe Biden, l'idée qu'il puisse faire campagne paraît extravagante. Il s'égare dans ses discours et ses conférences de presse. Son entourage a beau couper son micro lorsqu'il divague, ou tout faire pour éviter les chutes sur les escaliers d'Air Force One, l'image d'un président affaibli domine. On ne parle plus de son bilan mais de son état physique et mental. Que pèsent la baisse du chômage ou la réindustrialisation du pays face à un dirigeant si fragile? L'expérience due à l'âge, invoquée par Joe Biden, ne compense plus ses défaillances.
Dans ce duel lugubre, le paradoxe est que Donald Trump, inculpé pour avoir fomenté un coup d’État, sera probablement choisi par son parti au terme d'une compétition ouverte. Alors que Joe Biden, persuadé d'être le seul à pouvoir battre à nouveau son adversaire, écarte l'idée même d'une primaire démocrate. Celui qui incarnait en 2020 le rempart des institutions contre la folie trumpiste ne croit plus aux vertus de la démocratie dans son propre camp. Il n'est pas trop tard pour qu'il se ravise et lance à son parti, comme il l'a fait dimanche dernier face à la presse: «Je ne sais pas vous, mais moi, je vais aller me coucher.»
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