L’office cantonal Statistique Vaud a publié récemment une étude sur l’état et l’évolution des salaires dans notre canton. Les chiffres retenus sont ceux de 2020 et l’on s’est focalisé sur le salaire médian, soit la valeur centrale considérée ainsi que la moitié des salariés se trouve en dessus et l’autre moitié en dessous de la médiane.

En 2020, le salaire médian vaudois atteint 6490 francs brut par mois. Il s’agit d’un salaire calculé à raison de 40 heures hebdomadaires de travail et qui comprend les cotisations sociales à charge du salarié, mais aussi les compléments éventuels (13e salaire, bonus, etc.). C’est inférieur au montant suisse (6665 francs) et cela s’explique par deux motifs d’ordre structurel.

«L’évolution des salaires vaudois met en évidence la croissance du pouvoir d’achat et la réduction des inégalités.»

Certaines branches économiques sont plus profitables que d’autres et distribuent des salaires plus confortables. La chimie et la pharma tirent le nord-ouest de la Suisse, les activités financières Zurich et Genève (au bout du lac, le salaire médian est de 1000 francs plus élevé que chez nous).

Par ailleurs, les grandes entreprises pratiquent en général une politique salariale plus généreuse que les petites. Or le tissu économique vaudois compte significativement moins de ces belles sociétés «structurantes» que l’on retrouve dans de nombreuses régions alémaniques. On se gargarise parfois bruyamment du «miracle économique vaudois», mais nous avons des marges de progression.

L’évolution des rémunérations depuis dix ans permet par ailleurs des considérations réjouissantes. D’abord, les salaires augmentent. De 6,2% en termes réels depuis 2010, ce qui n’est pas rien. Mais on sait aussi que, avec le retour de l’inflation, depuis deux ans, la tendance n’est plus la même. Espérons que cela ne soit que provisoire.

Ensuite, la pauvreté recule. La part des bas salaires (inférieurs à deux tiers du salaire médian) a diminué de 12 à 9% ces dix dernières années, avec des progrès notables dans l’hébergement, la restauration et le commerce de détail. On note en revanche que la part des «riches salariés» (ceux dont le revenu dépasse de moitié le salaire médian, soit 9730 francs) reste stable, à 17%. Les écarts ne se creusent pas.

Enfin, la différence entre le salaire médian des femmes et celui des hommes est désormais de 380 francs, soit 5,7%. Elle s’est fortement réduite par rapport à 2010, où elle était de 10,9%. L’écart s’explique par des éléments objectifs tels que le niveau de formation, le type d’emploi ou la position hiérarchique. Comme le montrent aussi d’autres enquêtes, il n’y a ainsi plus d’inégalité entre les genres «à travail égal». C’est une bonne nouvelle. Il se dessine ainsi un paysage général qui contredit les rengaines misérabilistes et égalitaristes que l’on n’entend que trop. Tout en indiquant qu’il est possible de faire mieux encore.

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QOSHE - Quand les statistiques partent à l’assaut des idées reçues - Christophe Reymond
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Quand les statistiques partent à l’assaut des idées reçues

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05.09.2023

L’office cantonal Statistique Vaud a publié récemment une étude sur l’état et l’évolution des salaires dans notre canton. Les chiffres retenus sont ceux de 2020 et l’on s’est focalisé sur le salaire médian, soit la valeur centrale considérée ainsi que la moitié des salariés se trouve en dessus et l’autre moitié en dessous de la médiane.

En 2020, le salaire médian vaudois atteint 6490 francs brut par mois. Il s’agit d’un salaire calculé à raison de 40 heures hebdomadaires de travail et qui comprend les cotisations sociales à charge du salarié, mais aussi les compléments éventuels (13e salaire, bonus, etc.). C’est inférieur au montant suisse (6665 francs) et cela s’explique par deux motifs d’ordre structurel.

«L’évolution des........

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