Les geeks et geekettes s’en souviennent peut-être. Il fut un temps où le web soignait son humour et faisait preuve de créativité. Le vendredi, c’était «trolldi». Comme dans certaines entreprises on fait tomber la cravate le dernier jour de la semaine, sur internet on lâchait la nétiquette pour se troller – gentiment – entre internautes.
Le trolling était alors une manière de ricaner de l’autre, sans le blesser. À la place de disposer un coussin péteur sur la chaise d’un collègue, on lui envoyait un e-mail piégé dans lequel un lien supposé important renvoyait inlassablement au clip «Never Gonna Give You Up», de Rick Astley, sur YouTube. Cette blague portait même un nom, le «Rickroll». C’est dans ce même esprit taquin que sont nés les mèmes internet, ces photos, montages, sons, gifs animés ou vidéos à partager et repartager, juste pour la rigolade.
Tout cela ne volait certes pas toujours très haut, mais ça faisait au pire sourire. Aujourd’hui, le trollage bon enfant des débuts se fait engloutir par toute la haine que déversent en ligne ceux qu’on appelle un peu facilement des trolls. Ces internautes incapables de courtoisie et qui crachent leur venin en commentaires n’ont rien à voir avec les joyeux lurons des origines. Ils diffament, discriminent et laissent libre cours à leur cruauté, bien souvent sans même avoir le courage de le faire à visage découvert puisque ces harceleurs, le mot n’est pas trop fort, se cachent derrière l’anonymat.
«La liberté d’expression ne doit jamais servir d’excuse pour tolérer la violence.»
La liberté d’expression ne doit jamais servir d’excuse pour tolérer la violence. Les réseaux sociaux et le numérique font partie de la «vraie vie». Il faut «censurer» les dérapages qui y prennent forme. Comme le dit le docteur en neurosciences Sebastian Dieguez: «On vire bien les agités des boîtes de nuit.»
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