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Nous sommes de nombreuses organisations et militant.e.s LGBTI+ à avoir été indignées à la lecture de la tribune « LGBT pro-Hamas : autant dire « Les dindes votent pour Noël » » de Fiertés Citoyennes. Nous exerçons ici notre droit de réponse.
Dans cette tribune, l’association Fiertés Citoyennes accuse un certain nombre d’organisations LGBTI+ de « soutenir implicitement les exactions du Hamas » et ainsi « d’affûter la lame de leur bourreau ».
Cette rhétorique qui consiste à décrédibiliser toute critique de l’État d’Israël en qualifiant ses auteurs de soutiens du Hamas, ou dans d’autres cas d’antisémites, est insupportable. Elle vise à créer un climat de terreur intellectuelle et d’autocensure pour étouffer tout débat contradictoire et nuancé sur l’horreur vécue actuellement en Israël et en Palestine.
Car oui, nous avons été horrifiés par les massacres de civils israéliens lors de l’attaque surprise du 7 octobre, tout comme nous sommes horrifié.e.s de voir le carnage que nos gouvernements laissent faire à Gaza, jour après jour.
Nous trouvons insupportable l'instrumentalisation de nos luttes pour faire taire la critique légitime de la politique expansionniste et coloniale d'Israël, ainsi que du régime d'apartheid imposé au peuple palestinien (comme l'ont reconnu les rapports d'Amnesty International, de B’Tselem, d'Human Rights Watch et de l'ONU).
En tant que LGBTI+ et héritier.e.s d’une longue histoire de luttes, nous connaissons le poids des humiliations, du déni de droit, de l’injustice, des persécutions et des assassinats. Pour être à la hauteur de cette histoire et de ce qui fait notre humanité, nous nous tiendrons toujours aux côtés de ceux et celles qui se battent pour leur dignité et contre les injustices qu’ils et elles subissent. C’est dans ce cadre que nous soutenons les droits du peuple palestinien.
Il n’est bien sûr un secret pour personne que le mouvement réactionnaire et islamiste du Hamas est homophobe. Mais, associer tous les Palestiniens à l’homophobie du Hamas et donc considérer que leur lutte pour la sécurité, l’égalité et la justice ne devrait pas être entendue, est essentialiste et raciste. Cette vision homonationaliste où nous autres Occidentaux serions les défenseurs des droits LGBTI+ face à un « monde arabe » barbare et homophobe est un des axes de la stratégie du « choc des civilisations ».
Défendre les droits humains n’est pas une transaction pour conclure un marché, dans lequel on attendrait qu’on reconnaisse nos droits pour reconnaître à notre tour ceux des autres.
Faire le premier pas… C’est dans cet acte de reconnaissance de l’inconditionnelle humanité de l’autre que se révèle notre propre dignité humaine.
Un exemple illustre bien cela. Le 10 novembre 2019 lors de la manifestation contre l’islamophobie à Paris, étaient présentes les « Sœurs de la perpétuelle indulgence ». Depuis plus de quarante ans, ces militant.e.s queers, mi-bonnes sœurs mi-drag queens, viennent en soutien à la communauté LGBTI+ et portent un message de paix et de dialogue intercommunautaire. Ce jour-là elles étaient entourées de femmes,voilées ou non, qui les remerciaient d’être là et se prenaient en photo avec elles. Sur leur pancarte était écrit : « Nos sœurs on les aime à voile comme à vapeur. #sororité ».
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Nous soutenons donc la lutte légitime du peuple palestinien, tout comme nous soutenons les organisations LGBTI+ palestiniennes. Mais nous refusons toute posture paternaliste qui leur dicterait comment ils et elles doivent se libérer de la LGBTI+phobie qu'ils et elles subissent.
AlQaws et Aswat, les principales organisations LGBTI+ palestiniennes, sont claires à ce sujet : la libération des LGBTI+ palestinien.ne.s ne pourra pas se faire sans la libération de la Palestine. Car comment imaginer que les revendications des minorités sexuelles et de genre puissent être portées et entendues sur des territoires morcelés, qui subissent la colonisation, l’apartheid et un blocus asphyxiant ? A Gaza les LGBTI+ ne sont pas épargné.e.s par les bombardements. Leur combat quotidien n’est pas de survivre en tant que LGBTI+, mais juste en tant qu’êtres humains.
Les organisations de la société civile palestinienne nous demandent de faire pression économiquement sur Israël en rejoignant la Campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), tant qu’Israël ne se conformera pas au droit international. Le boycott est une stratégie de lutte non-violente qui a fait ses preuves dans le passé, comme en Afrique du Sud où il a contribué à mettre fin au régime d’apartheid.
Organisations :
Hêtre
Association Passages, la maison queer et féministe
Association Sylvestres
Association Transat
Association Wassla
Brest La Trans
C’Est la Mode à New York ! (salon de beauté LGBT)
CARTE (Collectif d’Actions et de Recherches contre la Transphobie et l’Extrême droite)
Centre LGBTQIA de Marseille
Ciné-club Queer TPG
Collectif Intersexe Activiste OII France
Collectif NRE.FM (podcasts queer et pédagogiques)
Collectif Paris Queer Antifa
Collectif Support Transgenre Strasbourg
Comité Idaho France
Fantastiqueer
Festival Ciné-Palestine (FCP)
Fiertés Carcassonne
L'Arène des fiertés
La Pote et ose
Le Coin des LGBT+
Les Inverti.e.s
Les Pétrolettes
LGBT pour la Palestine
Lesbiennes of Color (groupe LOCs)
Marche Féministe Antiraciste
Nos Voix Trans
Oy gevalt!, collectif juif queer anti raciste
Parlons Trans
PD La Revue
Pride des Banlieues
Pride Marseille
Queer Cinema for Palestine
Queer Racisé·e·s Autonome
Savie ASBL NGO - France
TransFag Trad
Union Communiste Libertaire
YBY Éditions, maison d'édition militante queer
Personnalités :
Adrien Cornec
Alexandra Dols (réalisatrice)
Arthur Gillet (artiste)
Benjamin Toix (militant pédé, ex coordinateur du pôle LGBT du BAAM)
Cédric Aurelle (commissaire d’exposition)
Cy Lecerf Maulpoix (auteur)
Didier Lestrade (cofondateur d’Act Up-Paris et de Têtu)
Éric Stephany (artiste)
Fabrice Gaubiac (profeseur agrégé)
Florian Gaité (philosophe, militant)
Frederic Cornet (Palestine with love film festival)
Gérardo Ramos (membre de l’association David & Jonathan)
Gianfranco Rebucini (anthropologue et militant queer)
Gildas Morin
Hanane Ameqrane (aka @Lady Gaza, militante lesbienne de l'immigration et des banlieues)
Jean Schneider (membre de l’association David & Jonathan)
Jena Pham Selle (activiste trans issue de la diaspora vietnamienne)
Julien Contarin
Laurent Baudoin (membre de l’association David & Jonathan)
Laurent Micheli (réalisateur)
Leïla Saadna (réalisatrice franco-algérienne)
Léo Kloeckner (enseignant)
Léonie Pernet (musicienne)
Lilian Roturier (ancien volontaire d’Aides Toulouse
Marc-Antoine Bartoli, coordinateur prévention d'Act Up-Paris
Mélie Chen (éditrice et traductrice)
Meriem Bennani (Artiste)
Olivier Coutor (membre de l’association David & Jonathan)
Pascale Ourbih (actrice, militante, ex-présidente du festival « Chéries-Chéris »)
Philippe Mangeot (ex-président d’Act Up-Paris, coscénariste de « 120 battements par minute »)
Rima Barrack (autrice)
Robert SIMON (président de Solidarité Internationale LGBTQI)
Ron Naiweld (historien du judaisme)
Thierry Schaffauser (travailleur du sexe)
Violaine Rivaron
Xavier Dubois (PCF)
Yael Lerer (militante pour la justice et l’égalité en Israël/Palestine)
Yann Beauvais (cinéaste)