C'est une hypocrisie française. L'une de ces figures sempiternelles, mélange d'indignation sélective, d'appropriation aussi monopolistique qu'abusive de la morale, d'expression de classe également - une classe de clercs, politiques ou médiatiques...

À l’issue de l'adoption par le Parlement de la loi immigration, réécrite par la droite et votée par le RN, la quête du brevet en « résistance » est ouverte. Pas seulement à l'extrême-gauche dont le rêve est de « détruire tout ce qui lui est opposé » pour reprendre la définition que Saint-Just donnait de la République, mais partout où la bien-pensance aime à prospérer : élus de gauche annonçant que dans leurs conseils départementaux ils n'appliqueront pas les dispositions les concernant dans l'octroi des prestations sociales, artistes et intellectuels en appelant au retrait de la loi, syndicalistes à l'instar de Madame Binet invoquant la désobéissance civile, etc.

La palinodie « anti-fasciste » puise dans le registre sans risque de l'histoire dont on sait la fin, dont on réplique anachroniquement le calque sur le présent, et dont on s'imagine qu'elle n'est qu'une répétition à l'identique. Les « résistants » de l'heure projettent leur fantasme au service de leurs certitudes d'être le « camp du bien » et, malgré eux, confirment le mot de Marx : « La première fois l'histoire se répète comme tragédie, la seconde fois comme farce ». Ils expriment un manque, une frustration, et même une incapacité à être ce qu’ils voudraient être.

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Ne pouvant regarder en face le présent, ils recourent au passé pour construire une posture en lieu et place du politique. Leur « anti-fascisme » est devenu la justification de leur incompréhension du réel. Il est le masque de leur échec. C’est au nom d’un imaginaire falsifié qu’ils s’autorisent toutes ces libertés qu’ils refusent à leurs adversaires. Que des élus de droite s’écartent d’un degré d’une loi dont ces nouveaux censeurs seraient à l’origine, l’accusation de factieux ne manquerait pas de leur être opposée. Force est de constater qu’il en va tout autrement dès lors que la remise en cause d’une loi, souverainement votée pourtant, soutenue par près de 70 % des Français est lancée par ceux qui s’arrogent l’étendard du progrès comme s’ils en étaient de toute éternité les propriétaires.

Cette gauche-là qui essentialise tous ceux qui auraient l’audace d’interroger et d’infirmer leurs dogmes n’a plus qu’une mémoire tronquée pour exister et s’accréditer en tant que progressiste. L’État de droit c’est d’abord le sien et le droit c’est celui qui l’habilite à combattre toute pensée qui s’oppose à sa lecture du monde. Peu importe qu’une Nation soit libre de s’autodéterminer et de décider quelles sont les règles qui autorisent à ouvrir ou non ses portes à des étrangers. Peu importe que la philosophie d’un texte de loi soit approuvée par une très large majorité.

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Seule compte leur vision, quand bien même cette vision au demeurant viendrait par son inadaptation à la réalité battre en brèche nombre des valeurs qui ont fondé justement la gauche : la Nation évidemment, la laïcité tout aussi évidemment, l’universalisme citoyen qui ne se conçoit que dans le respect de la nationalité… La cohérence n’est pas leur fort, seul importe leur confort idéologique et au nom de ce dernier ils estiment pouvoir se permettre ce qu’encore une fois ils proscrivent pour les autres.

Une certaine gauche n’aime le peuple et ne l’invoque que lorsque ce peuple va dans sa direction. C’est celle qui ne se retrouve pas seulement sur les franges ultras de la Nupes mais qui peut à l’instar d’un Sacha Houlié, député Renaissance et président de la Commission des Lois, estimer du haut de ses plates certitudes que les demandes populaires ne sont pas toutes recevables…

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Comprendre : qu’elles ne le sont pas à partir du moment où elles ne seraient pas certifiées conformes au prisme de la bien-pensance. Cette gauche n’est rien d’autre que la gauche perdue de la République… La gauche tartuffe à laquelle il ne reste plus que l’anachronisme historique pour se donner une aura de rebelle et de résistant…

QOSHE - Rébellion contre la loi immigration : "La gauche tartuffe n'aime le peuple que quand ça l'arrange" - Arnaud Benedetti
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Rébellion contre la loi immigration : "La gauche tartuffe n'aime le peuple que quand ça l'arrange"

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23.12.2023

C'est une hypocrisie française. L'une de ces figures sempiternelles, mélange d'indignation sélective, d'appropriation aussi monopolistique qu'abusive de la morale, d'expression de classe également - une classe de clercs, politiques ou médiatiques...

À l’issue de l'adoption par le Parlement de la loi immigration, réécrite par la droite et votée par le RN, la quête du brevet en « résistance » est ouverte. Pas seulement à l'extrême-gauche dont le rêve est de « détruire tout ce qui lui est opposé » pour reprendre la définition que Saint-Just donnait de la République, mais partout où la bien-pensance aime à prospérer : élus de gauche annonçant que dans leurs conseils départementaux ils n'appliqueront pas les dispositions les concernant dans l'octroi des prestations sociales, artistes et intellectuels en appelant au retrait de la loi, syndicalistes à l'instar de Madame Binet invoquant la désobéissance civile, etc.

La palinodie « anti-fasciste » puise dans le registre sans risque de l'histoire dont on sait la fin, dont on réplique anachroniquement le calque sur le présent, et dont on s'imagine qu'elle n'est qu'une répétition à........

© Marianne


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