Ce dimanche 3 mars marque le lancement à Marseille en grande pompe de la campagne du Rassemblement national pour les élections européennes.
La Salon de l’agriculture aura été tumultueux pour Emmanuel Macron, mais aussi pour deux de ses ministres, Christophe Béchu et Marc Fesneau, ciblés par des jets d’œufs et des sifflets, après le verre de bière lancé à la figure de Marion Maréchal, la candidate de Reconquête.

Le contraste avec un Jordan Bardella puis une Marine Le Pen, déambulant sans heurt, multipliant les selfies, en boucle sur les chaînes d’info continue, n’eût pas pu être plus visible. Il s’agit désormais pour le duo de se projeter dans une campagne qu’il domine pour le moment largement et dont il veut faire une étape vers la conquête du pouvoir en 2027. Les intentions de vote les plus récentes placent la liste conduite par Jordan Bardella entre 27 et 30 %, contre 16 à 19 % pour la liste Renaissance.

La chronique politique de Chloé Morin : Le Salon de l'agriculture va-t-il se transformer en chemin de croix présidentiel ?

XLe RN, en meeting aujourd’hui au Parc Chanot à Marseille, espère une démonstration de force : 7 à 8000 personnes y sont attendues, selon les organisateurs. Cette ville ouverte sur la Méditerranée symbolise la thématique phare du RN, l’immigration. On y entendra parler, sans surprise, de l’échec de la politique migratoire de l’Union, mais aussi d’un Green Deal européen honni par le RN, qu’il considère comme « le bras armé de l’écologie punitive. »

Consolider les acquis de la « victoire idéologique » du récent vote de la loi immigration qui a fracturé la majorité et pousser son avantage sur la crise agricole qui renvoie à une remise en cause du modèle européen de libre-échange, voilà l’objectif d’un duo qui n cesse d’afficher sa complémentarité, comme pour faire taire ceux qui rêvent que l’envolée sondagière de Jordan Bardella lui donne des idées d’émancipation.

Mais pour Marine Le Pen, rompue aux campagnes électorales tous azimuts, sa principale préoccupation reste… la mobilisation de ses électeurs.

Les dix points d’avance dans les sondages et le sentiment d’une victoire déjà acquise pourraient les inciter à ne pas se rendre aux urnes le 6 juin. Pour le RN et sa tête de liste, la démobilisation à ce stade de la bataille européenne est un ennemi bien plus dangereux que la majorité présidentielle…

Chloé Morin