Dès qu’Emmanuel Macron a prononcé l’ambition de "reprendre le contrôle de nos écrans", de multiples critiques se sont élevées chez nos élites politico-médiatiques, jamais avares de preuves de leur déconnexion de la vraie vie des gens. Contrôler les écrans serait liberticide, et ce serait la responsabilité des parents.

Il ne vient pourtant plus à l’idée de personne (ou presque) d’invoquer la liberté individuelle de s’encrasser les poumons pour contester l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Se souvient-on seulement qu’il fut un temps où, faute de connaissances scientifiques, on ne savait pas que la morphine et la cocaïne étaient des drogues dangereuses, et que les consommer en public dans les dîners en ville était le comble du chic??

Alors que l’Humanité a longtemps cheminé avec les progrès de la science, elle s’enorgueillit désormais presque à avancer dans le sens inverse des avancées scientifiques. Allez comprendre?!

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La chronique politique de Chloé Morin : "L'opinion ne s'indigne pas de la loi immigration"

De quelle liberté parle-t-on lorsqu’il s’agit de mineurs qui passent 4, 6, 8 heures par jour scotchés sur des écrans, avec des conséquences nombreuses – sur l’apprentissage, sur la santé, sur l’obésité, sur le sommeil, sur la capacité à imaginer et à résoudre des problèmes complexes… – sur lesquelles les études scientifiques sont extrêmement claires??

De quelle responsabilité parentale parle-t-on quand les parents ne sont pas à la maison pour encadrer les enfants parce qu’ils travaillent de nuit ou ne savent simplement pas la nocivité du trop-plein d’écrans??

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Si des centaines de milliers de jeunes manifestent des troubles de l’apprentissage ou ne maîtrisent pas les connaissances et les concepts nécessaires à la compréhension du débat public, ce n’est pas uniquement leur problème.

C’est aussi et surtout le nôtre. Car ces jeunes votent. Ils sont notre avenir. La collectivité a une responsabilité à leur égard. Deux options sont donc devant nous : ou bien on considère qu’après tout chacun est libre de s’abrutir comme il le veut, et que les riches trouveront toujours un moyen d’arracher leurs enfants aux méfaits des écrans… ou bien on décide que c’est un sujet social et démocratique important, et nous avons alors le devoir d’inventer des solutions.

Chloé Morin

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La chronique politique de Chloé Morin : "La déconnexion ou la liberté de s'abrutir ?"

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21.01.2024

Dès qu’Emmanuel Macron a prononcé l’ambition de "reprendre le contrôle de nos écrans", de multiples critiques se sont élevées chez nos élites politico-médiatiques, jamais avares de preuves de leur déconnexion de la vraie vie des gens. Contrôler les écrans serait liberticide, et ce serait la responsabilité des parents.

Il ne vient pourtant plus à l’idée de personne (ou presque) d’invoquer la liberté individuelle de s’encrasser les poumons pour contester l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Se souvient-on seulement qu’il fut un temps où, faute de connaissances scientifiques, on ne........

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