Accord de sécurité avec l’Ukraine, débat martial mené par Gabriel Attal à l’Assemblée puis au Sénat, interview présidentielle au 20 heures de TF1 et France 2 jeudi pour se poser en rempart contre Poutine… Emmanuel Macron s’est mué en chef de guerre, saturant les ondes avec le drame ukrainien.
Mais il y a un autre front, tout aussi urgent. Un front intérieur grand ouvert qui nous menace au quotidien : celui des montagnes d’économies à réaliser et de la dette publique qui ne cesse de grossir.

La Cour des comptes estime ainsi qu’il va falloir trouver 50 milliards d’euros d’ici à 2027 pour repasser sous la barre des 3 % de déficits publics en trois ans. Il faudra "des efforts d’économie sans précédent dans l’histoire récente"....

La chronique politique de Chloé Morin : "La déconnexion ou la liberté de s'abrutir ?"

Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards de coupes budgétaires dès cette année. Et 12 milliards l’an prochain. Qui dit mieux ? Son ministre délégué au budget Thomas Cazenave a fait monter les enchères en évoquant 20 milliards à raboter en 2025. La Cour des comptes pointe une équation impossible : une prévision de croissance rabaissée de 1,4 à 1 point… Une dette qui va culminer à 3.200 milliards à la fin de l’année. La charge de la dette, en 2027, qui dépassera les 70 milliards par an, ce sera le premier poste de dépense devant l’Éducation nationale.

L’urgence est telle que Bercy, rappelle Le Figaro, envisage de faire passer au Parlement un projet de loi de finances rectificative… après les européennes, évidemment. « On ne fait plus de chèque en blanc », a martelé Emmanuel Macron devant les cadres dirigeants de l’État, qu’il est allé tancer parce que rien n’avance à ses yeux.

Conclusion de Pierre Moscovici : au train où vont les choses, la France "va se retrouver parmi les pays ayant la situation la plus dégradée de la zone euro".

Au même moment, les dividendes des entreprises du CAC 40 françaises sont montés à un niveau record l’an dernier : 68,7 milliards reversés aux actionnaires. Il y a là de quoi raviver le débat sur la taxation des plus riches.
Voilà un état des lieux préoccupant à mi-mandat, avant les élections européennes, pour un président de la République qui a toujours revendiqué une réussite en matière de relance économique.

Chloé Morin