Au lendemain de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, posons une question qui risque de fâcher : qui défend le mieux les intérêts des femmes dans la classe politique ? C’est ce qu’a fait l’institut OpinionWay dans un récent sondage réalisé pour mon prochain essai, à paraître en février 2024. Et c’est Marine Le Pen qui arrive en tête, avec 30 % de Français jugeant qu’elle défend bien les femmes, devant Emmanuel Macron à 28 % et Gabriel Attal à 25 %. Édouard Philippe obtient 23 %, juste devant Marion Maréchal, qui n’a pourtant jamais été une féministe revendiquée…

Plus frappant encore, la gauche qui compte de nombreux militants et militantes féministes arrive en queue de peloton : Jean-Luc Mélenchon n’obtient que 14 % (10e position du classement), Sandrine Rousseau - qui a pourtant fait de ce combat l’engagement de sa vie - 13 %, et Olivier Faure ferme la marche à 12 %. Seule figure de gauche à s’en sortir honorablement, Fabien Roussel obtient le même score que Jordan Bardella, 19 %. Le RN incarnerait donc mieux la défense des intérêts des femmes que la gauche, dont c’est un des combats historiques.

Quel échec ! Comment l’expliquer ? Par un bilan de François Hollande jugé insuffisant en la matière ? Peut-être, d’autant que la majorité actuelle semble en avoir fait beaucoup plus que les socialistes.

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Mais il existe une hypothèse que la gauche voudra sans doute réfuter, mais qui mériterait d’être creusée avec des études plus approfondies : le rapport au patriarcat musulman. Car la gauche féministe, prompte à combattre le patriarcat lorsqu’il est blanc et européen, peut parfois apparaître ambiguë dès lors qu’il s’agit de critiquer un patriarcat musulman qui conduit notamment à enfermer les femmes sous des voiles.

Par peur de nourrir la haine des musulmans et la stigmatisation de l’Islam, une partie de la gauche semble faire des compromis avec sa fibre féministe et universaliste. C’est particulièrement le cas de la gauche gagnée par la pensée woke. Et l’opinion peut ainsi avoir le sentiment que lorsqu’il s’agit de défendre des femmes qui luttent pour enlever leur voile, comme elles le font si courageusement en Iran, le RN – seul mouvement dirigé par une femme, hormis EELV – est mieux placé que les figures de gauche.
Voilà de quoi s’interroger dans la perspective de 2027…

Chloé Morin