Emmanuel Macron a une obsession, celle de ne pas transformer le Salon de l’agriculture en chemin de croix présidentiel.
Le chef de l’État, soucieux de déminer une colère agricole prête à exploser, aura reçu – en doublant son Premier Ministre Gabriel Attal dont c’était pourtant la mission – les syndicats dédiés à l’Élysée, comme pour leur dire : patience, restez zen, regardez, je m’occupe de vous, prochaine réunion au Salon !

Le problème est que les agendas respectifs n’ont pas la même temporalité. Vous avez d’un côté, les agriculteurs, du grand céréalier au petit producteur de framboises bio, qui ont en commun la survie d’une activité fondamentale pour la survie d’un pays, étranglée par une administration complexe, par des coûts de production toujours plus élevés, des marges trop souvent dérisoires, une concurrence étrangère totalement déloyale, qui n’est pas soumise aux mêmes normes sociales et environnementales. Une machine à perdre. Cultivateurs, éleveurs, tous ensemble réclament des réponses et tout de suite.

Du concret. Du vrai, pas des promesses de lendemains meilleurs qui ne viennent jamais. Et ils ont raison.

De l’autre côté, face à eux, vous avez le gouvernement : il peut se démener dans tous les sens – 400 millions d’euros déjà mis sur la table, renoncement sur la fiscalité du GNR, plan Ecophyto jeté aux orties – la réponse, par essence, ne sera jamais immédiate. Parce qu’elle passe en grande partie par Bruxelles et son Green Deal et surtout par la renégociation de traités de libre-échange dévastateurs.

La chronique politique de Chloé Morin : "La déconnexion ou la liberté de s'abrutir ?"

Comment lutter contre les importations de viandes de bœuf et de mouton de Nouvelle-Zélande ou, plus près de nous, de poulets ou de céréales d’Ukraine, produits prisés dans les grandes surfaces par nos consommateurs confrontés à des fins de mois difficiles ?

Il va falloir de plus refondre notre politique agricole nationale : que voulons-nous exactement ? L’excellence ? L’auto-suffisance ?

Comment atteindre les deux objectifs sans les opposer tout en incluant les indispensables objectifs climatiques ?

Changer le système – et cela est encore possible – ne se fera pas en une poignée de jours. Surtout avec des caisses vides et douze milliards et plus à trouver pour boucler notre budget. En attendant l’accalmie, un seul pis-aller : promener la vache, en priant pour que les esprits s’apaisent.

Chloé Morin

QOSHE - La chronique politique de Chloé Morin : Le Salon de l'agriculture va-t-il se transformer en... - Chloé Morin
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La chronique politique de Chloé Morin : Le Salon de l'agriculture va-t-il se transformer en...

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18.02.2024

Emmanuel Macron a une obsession, celle de ne pas transformer le Salon de l’agriculture en chemin de croix présidentiel.
Le chef de l’État, soucieux de déminer une colère agricole prête à exploser, aura reçu – en doublant son Premier Ministre Gabriel Attal dont c’était pourtant la mission – les syndicats dédiés à l’Élysée, comme pour leur dire : patience, restez zen, regardez, je m’occupe de vous, prochaine réunion au Salon !

Le problème est que les agendas respectifs n’ont pas la même temporalité. Vous avez d’un côté, les agriculteurs, du grand céréalier au petit producteur de framboises bio, qui ont........

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