Une communication de bon augure… Et pourtant, il paraît que la semaine du 27 novembre était la semaine de l’industrie ! On a beau interroger les industriels français, personne ne s’en est vraiment rendu compte. Il a bien été question d’un investissement du Danemark à Chartres dans le domaine du Médicament (effectivement c'est de l’industrie) mais il s’agit de capitaux étrangers et d’une annonce, mais pas d’une inauguration, cela ne fera peut-être pas long feu et ça ne serait pas la première fois.

L’industrie en France est composée de chefs d'entreprise qu'on appelle des industriels ; ils se sont installés envers et contre tout en France depuis des dizaines d’années, naviguant entre les normes, les règlementations, les interdits et les contrôles, les bureaucraties tatillonnes plus ou moins malveillantes, pour conserver des marges et des capacités d’investissements et donc maintenir vaille que vaille leur activité sur le sol national.

La semaine de l’Industrie faisait rêver d’un enthousiasme retrouvé et unanime. On aurait pu imaginer comme pour la « Fête des Entreprises » des rencontres, des articles, des portes-ouvertes, des reportages pour sensibiliser ceux qui ont encore peur de l’industrie. Mais cette belle histoire fait partie des contes et légendes. Il est vrai que l’actualité a plutôt insisté sur les déchirements du pays alors que l’occasion était donnée de parler de ce qui pouvait réunir. Mais le plus grave c’est qu’il n’a été question nulle part de l’essentiel, à savoir la nécessité pour les industriels et tous les chefs d’entreprise d’obtenir une vision de l’avenir de ce secteur. Mais qui a une vision ? Les écologistes qui ne veulent surtout pas d’industrie, la Dreal (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) qui cherche l’erreur, les collectivités locales qui veulent des usines mais pas près de chez eux, les syndicats hostiles ou le voisinage inquiet.

Une entreprise c’est un compte d’exploitation, un budget, avec des prévisions de rentrées, des marchés, des achats, des dépenses, et des marges avec des gains et un résultat net qui permet d’engager le futur. Par ailleurs le coût de l’énergie pollue les chefs d’entreprise depuis deux ans avec des augmentations de tarifs explosifs, multipliés par 3, par 5 et quelquefois plus. Le Père Noël aurait pu apporter une hotte de stabilité et de retenue mais comme chacun sait le Père Noël n’existe pas, on a à la place un gouvernement qui fait certes des cadeaux mais là, qui a simplement établi un accord avec EDF la société dont il est propriétaire, et sur un montant du MWH qui n’a rien à voir avec ce que les industriels vont finir par payer.

Un compte d’exploitation s’équilibre avec des frais fixes et des frais variables selon les cadences de fabrication. Plus on peut stabiliser les coûts de la fabrication et mieux l’industriel peut anticiper. Jusqu’à présent l’énergie avait un coût régulé, désormais on sait qu’il peut varier du simple au quintuple sur caprice politique. On sait aussi que les contrats gaz ou électricité ne nous protègent pas et même que nous ne pouvons pas les renégocier sans payer une amende colossale en proportion de nos factures. En fait c’est effectivement la fête de l’industrie ! avec une nouvelle incertitude et personne sur qui se retourner. Pas de responsable donc pas de coupable.

Il faut donc que les « animateurs » de la semaine fantôme de l’industrie, nous disent d’abord vers quel prix STABLE de l’énergie nous allons. Nos Danois (Le laboratoire Novo-Nordisk qui a fait un chiffre d’affaires d’ailleurs supérieur au PIB danois) ont tous les éléments en main (prix leurs médicaments, prix de leur énergie sur 10 ans). Ils ont tous les éléments en mains contrairement à l’industrie française. Nous voulons juste le même traitement que les Danois de Chartres.

A la place de cela, et ce que n’ont pas les Danois c’est le yoyo d’incertitudes qui berce nos PME, les innovations grandioses non désirées car non applicables : RSE baladeuse, partage de la Valeur alors qu’on est en train de la chercher, brillante campagne de pub et appel à la décroissance mais à la réparation des chaussettes ! Ils doivent nous envier les Danois.

Nous sommes par ailleurs abreuvés d’une information anxiogène sur le plan international et national tellement que les chefs d’entreprise déclarent ne plus écouter les infos; en revanche pas un mot ou si peu sur les chaînes d’infos de ce qui fait le quotidien du socle économique français. Nous avons besoin de récits à succès, de reportages positifs, d’exemples d’innovation et pas seulement pour sur Top chef. Les Français aiment leur boîte, les politiques les craignent, et les médias y sont indifférents à moins qu’il ne s’agisse d’un micro trottoir sur une grève ou un focus sur les salaires excessifs des PDG, ou sur le manque de pouvoir d’achat sur nos pauvres salariés. Haut les cœurs !

QOSHE - La semaine de l’Industrie ! Un vœu pieux ? - Sophie De Menthon
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La semaine de l’Industrie ! Un vœu pieux ?

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08.12.2023

Une communication de bon augure… Et pourtant, il paraît que la semaine du 27 novembre était la semaine de l’industrie ! On a beau interroger les industriels français, personne ne s’en est vraiment rendu compte. Il a bien été question d’un investissement du Danemark à Chartres dans le domaine du Médicament (effectivement c'est de l’industrie) mais il s’agit de capitaux étrangers et d’une annonce, mais pas d’une inauguration, cela ne fera peut-être pas long feu et ça ne serait pas la première fois.

L’industrie en France est composée de chefs d'entreprise qu'on appelle des industriels ; ils se sont installés envers et contre tout en France depuis des dizaines d’années, naviguant entre les normes, les règlementations, les interdits et les contrôles, les bureaucraties tatillonnes plus ou moins malveillantes, pour conserver des marges et des capacités d’investissements et donc maintenir vaille que vaille leur activité sur le sol national.

La semaine de l’Industrie faisait rêver d’un enthousiasme retrouvé et unanime. On aurait pu imaginer comme pour la « Fête des Entreprises » des rencontres, des articles, des portes-ouvertes, des reportages pour sensibiliser ceux qui ont encore peur de l’industrie. Mais cette........

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