Raphaël Gaillard- chercheur « augmenté » par sa passion des arts et lettres-, nous avait impressionné dès son premier essai publié chez Grasset « : «Un coup de hache dans la tête- Folie et créativité» (Litterati-ATLANTICO 2022), livre qui fut ensuite distingué par le prix Jacques de Fouchier de l’Académie Française.

En ce début 2024, Raphaël Gaillard récidive avec ce deuxième essai, tout aussi percutant, savant et littéraire que le précédent : « L’homme augmenté- Futur de nos cerveaux » (Grasset) ;aux dires de Raphaël Gaillard, scientifique des Lumières – cet Homme nouveau entamant la troisième phase de l’humanité ( après la préhistoirede Néandertal et « Homo Sapiens ») est déjà né : « La question n’est pas de savoir si l’augmentation de l’homme par la technologie est possible. Cette révolution qui voit s’hybrider l’être humain et la technologie par des interfaces cerveaumachine est déjà en marche. La question n’est pas de choisir son camp entre les zélotes et les contempteurs de cette hybridation, entre ceux qui s’enthousiasment sur les réseaux sociaux et ceux qui la conspuent dans les salons littéraires. Ces réactions à l’emporte‐pièce sont celles d’êtres humains qui, à l’évidence, ne bénéficient pas encore du surcroît d’intelligence que promet cette hybridation. Les seules questions qui vaillent et que nous explorerons ici sont pragmatiques : quelle est la réalité du phénomène à ce jour, quelles en sont les perspectives, quelles en sont les possibles effets indésirables, comment se prémunir de ces derniers, et plus généralement comment accompagner au mieux ce mouvement inéluctable » Raphaël Gaillard, professeur de Médecine et subtil observateur de notre humanité, dont le métier consiste souvent à « réparer les vivants » s’est spécialisé à Saint-Anne dans l’étude des troubles mentaux et leur « implacable présence » jusque dans le cerveau des artistes ; pour se représenter le monde, et si possible le recréer, les peintres, sculpteurs, musiciens et écrivains paient souvent le prix de leur créativité par une sourde déprime ou d’ autres symptômes du trouble psychique. Sagan, par exemple, se sentait séparée du monde donc des autres par une vitre qui l’enfermait dans sa solitude.« L’homme augmenté aura des compétences exceptionnelles, mais dans des domaines spécifiques, correspondant aux structures cérébrales accessibles à cette hybridation. Il y gagnera en puissance, assurément, mais il y perdra en harmonie, en équilibre. Un certain nombre y perdront même la raison », note Raphaël Gaillard. Sa science de chercheur se voit renforcée et comme adoucie par son érudition littéraire et artistique. On sent chez cet auteur une passion des arts qui régule et enrichit sa science médicale. Le tout orchestré par un cœur généreux : d’où la qualité de cet « Homme augmenté » car l’on ne fait pas de littérature avec un cœur sec. « L’homme augmenté » vibre du rythme de cette époque tourmentée et parfois passionnante qui est la nôtre.« La recherche n’a rien d’un long fleuve tranquille, elle a au contraire ses rapides et ses chutes, ses eaux stagnantes et ses marigots, son tumulte, ses écluses. Elle a sa part de déraison, et cette déraison n’est pas estrangère à ses réussites et ses effets de vérité́. Bref, il faudrait rendre compte de ce que la recherche doit à Don Quichotte ». Qui écrit ainsi dans le monde médical ?.Cervantès devient soudain dans nos imaginaires LA figure de cette « déraison »qu’est la Recherche, avec ses « effets de vérité ». « Plus fondamentalement, il se pourrait bien que le livre soit le seul à même de nous conserver entiers dans cette puissante transformation par la technologie.(…)Il faut dire que l’écriture – et donc la lecture – est la grande affaire de l’humanité́. Elle ne signe pas seulement le passage de la Préhistoire à l’Histoire, elle constitue notre hybridation première. Un livre, de plomb ou de papier, c’est déjà̀ une annexe de notre cerveau, une prothèse cérébrale, un hors‐de‐soi que nous acceptons de partager, et qui en retour nous transforme. En passant de la tradition orale à la tradition écrite, nous avons consacré́ cet objet comme réceptacle et comme don de nos savoirs, de nos sentiments, de nos identités. Il se pourrait bien que cette hybridation, l’écriture, porte en elle toutes les autres. Il se pourrait bien qu’elle en soit la propédeutique. » C’est beau. Un homme qui aime à ce point l’écrit à l’époque des écrans,ne saurait rater son texte, d’où notre plaisir de lecteurs.« Le livre dont vous achevez l’introduction est tout autant l’exposé du problème posé par l’hybridation technologique que sa solution.»poursuit le professeur Raphaël Gaillardqui veille sur ses douze mille patients et préside la Fondation Pierre Deniker (elle soutient la recherche sur les troubles psychiques et œuvre pour leur connaissance par le grand public).L’Homo Sapiens entra dans l’Histoire de l’humanité en quittant la préhistoirede l’homme de Néandertal via la lecture et l’écriture. « L’Homme augmenté » va régner dans nos civilisations. Si vous aimez lire et écrire, vous êtes sauvés, dit Raphaël Gaillard . Il y a les mauvais côtés de l’IA ( c’est ainsi que des algorythmes rendent dépendants nos adolescents prisonniers des Gafa( « Google, le moteur de recherche le plus utilisé au monde.Apple, qui fabrique des produits électroniques grand public tels que l'iPhone, l'iPad et l'ordinateur Mac.Facebook, le plus grand réseau social au monde, qui possède également Instagram et WhatsApp.Amazon, la plus grande entreprise de commerce électronique au monde»)et qui ne lisent plus, hélas, que les Réseaux sociaux Et il y a les bons côtés de cette révolution : ceux qui lisent et écrivent ( si possible à la main) seront chez eux en cette époque qui est la nôtre . « Lecteurs, et a fortiori auteurs, vous profiterez des bienfaits de cette nouvelle ère, et ce dans votre intérêt d’Homo Sapiens changeant d’Histoire via des « implants »mis à votre disposition pour corriger vos points faibles (cf. vous « réparer » en somme) ; point de guerre et de rivalités avec des robots, comme veulent nous le faire croire la science -fiction et certaines bandes dessinées, mais une hybridation providentielle et souvent réparatrice, pour renforcer, par exemple, les neurones des malades qui t mouraient hier faute d’I A annonce le Professeur Gaillard (il dirige le pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’hôpital Sainte-Anne et de l’Université Paris Cité).Ces derniers temps, le nombre d’ouvrages dévolus à l’Intelligence Artificielle a été multiplié par dix. « L’I A » explose en Libraire comme dans nos conversations. Chercheur en neurosciences- Raphaël Gaillard montre que cette nouvelle intelligence, née de l’imitation de notre cerveau « a toutes les raisons de s’hybrider avec notre propre intelligence. Le défi ne sera pas de rivaliser avec l’IA mais de réussir cette hybridation. D’ores et déjà, les interfaces cerveau-machine permettent à un homme paralysé de marcher ou de transmettre ses pensées.Demain nous utiliserons l’IA comme nous utilisons nos smartphones, partout et tout le temps. Comment nous préparer à cette révolution ?Nous avons déjà connu une grande hybridation avec l’avènement de l’écriture et de la lecture, signant notre passage de la Préhistoire à l’Histoire. Déposer hors de soi notre savoir par l’écriture, et se le réapproprier par la lecture, n’était pas si différent de ce que la technologie nous promet. Puisque cette aventure fut une réussite pour l’humanité, nous ferions bien de nous en inspirer ; ces révolutions médicales permettront par exemple de mieux traiter- voire guérir grâce aux implants la maladie d’Alzheimer et autres atteintes neurologiques. Les futurs de nos cerveaux semblent bien beaux.

Le meilleur decet essai, c’est l’humanité éclairée de l’auteur qui dans une langue limpide nous communique les secrets des savants et sachants d’aujourd’hui, tout en faisant halte, au fil des pages pour nous glisser à l’oreille une sensation née de sa lecture de Flaubert ou de Proust, son émotion à la vue d’une toile de Gauguin, nous communiquant à la fois la grandeur et la variété de ses paysages intérieurs, et la formidable réalité du monde en pleine révolution. Si ce prix existait, Raphaël Gaillard se verrait recevoir bientôt le Grand Prix de l’Essai d’Atlantico pour« L’homme augmenté » chez Grasset : ses lecteurs sont sous le charme d’un style et d’une pensée qui rappellent Montaigne. Quant à l’auteur aux douze mille patients qui signalait dans son précédent ouvrage combien les artistes sont parfois dépressifs, ne l’est-il pas un peu parfois ? La solution ? Le roman. Son prochain livre.

Annick GEILLE

« Avec une hauteur de vue inédite sur une question brûlante, le psychiatre et chercheur en neurosciences Raphaël Gaillard montre que cette nouvelle intelligence, née en imitant notre cerveau, a toutes les raisons de s’hybrider avec notre propre intelligence. Le défi ne sera pas de rivaliser avec l’IA mais de réussir » (source Grasset)

A propos de la lecture/Livres-Hebdo du 14 février 24

« Dans l’étude Ipsos « les Français et la lecture » publiée tous les deux ans par le CNL, 86% des Français se considèrent être des lecteurs mais le décrochage chez les 15-24 ans augmente. Le taux de lecteurs reste stable comparé à 2021 mais enregistre tout de même une diminution de 12 points par rapport à 2019, un jeune sur cinq affirme ne pas lire du tout. Une problématique est ciblée : le temps consacré à la lecture est très inférieur à celui passé sur les écrans. Les Français consacrent en moyenne 41 minutes par jour à lire (4h47 par semaine) pour 3h14 d’écran quotidien (22h38 par semaine), le but est d’atténuer l'écart entre les deux activités. Ce « Quart d’heure de lecture national » est l’occasion de prendre une nouvelle habitude. A raison de quinze minutes par jour en un an, ce sont près d’1,4 million de mots qui sont parcourus afin de s’évader, d’apprendre et d’enrichir son vocabulaire et son esprit.

En partenariat avec l’Éducation nationale et Livres Hebdo, le CNL encourage écoles, entreprises, administrations, associations, centres sociaux ou encore les EPHAD à mettre en place des projets réguliers autour du livre et de la lecture.. »

Extraits « L’homme augmenté » (Grasset) par Raphaël Gaillard

« L’homme augmenté », ou la lecture comme prérequis pour toute hybridation future

Extrait 1

« Il est illusoire de penser qu’un implant puisse connecter l’ensemble du cerveau à un ordinateur. Elon Musk a baptisé sa puce implantée neural lace. Je me plais à y trouver un écho à la conquête de l’Ouest, le lasso n’étant plus celui des cow‐boys mais celui des ingénieurs de la Silicon Valley. Ce qu’il s’agit d’attraper ici, c’est un bout de cerveau. Et un bout seulement. Ce lasso, ce neural lace, peut capturer, ou du moins capter, le signal des structures cérébrales avoisinantes, et les faire ainsi interagir avec un ordinateur. Ce faisant, il peut court‐circuiter les étapes selon lesquelles cette structure cérébrale fait parler d’elle, par exemple en convertissant en mots le signal sans même que la personne les prononce si la puce est en regard des structures assu‐ rant la conversion phonologique des mots. Ou encore permettre de commander un bras robotisé si la puce est en regard du cortex moteur, qui assure la commande motrice du corps. Mais dans ces deux cas comme dans tous les autres, elle ne saurait donner accès à l’ensemble du cerveau comme le ferait le port USB ou Ethernet d’un ordinateur. Pour la simple et bonne raison que l’Évolution n’a pas sélectionné une telle configuration pour notre cerveau.

Il faut donc se résoudre à considérer l’homme augmenté par interface cerveau‐machine comme unidimensionnel, ou disons pauci‐dimensionnel, c’est‐à‐dire bénéficiant d’une augmentation qui ne concerne qu’une ou quelques unes de ses facultés. L’homme augmenté a une case en plus, et celle‐ci ne doit rien au hasard : elle est déterminée, et limitée, par son anatomie cérébrale.

Extrait 2

« C’est par cette inscription dans le royaume de l’écrit que nous accédons aux connaissances nous permettant d’exercer nos métiers, et c’est également ainsi que nous développons notre sensibilité, notre perception d’autrui et des arcanes de la pensée. De sorte que tout en en sachant les dangers, il faudrait en cultiver les vertus, non par refus des nouvelles technologies, mais tout au contraire pour nous y préparer. Voilà̀ la seconde hypothèse de ce livre : la lecture comme hybridation primordiale est le prérequis de toutes nos hybridations futures. Puisque le processus est similaire, et qu’il fut dans l’ensemble une réussite, répétons à l’échelle individuelle ce qui, à l’échelle collective, a signé notre entrée dans l’Histoire.

La lecture est un sport qui se pratique à mains nues

Dans cette perspective, il nous faut commencer par considérer la façon dont chacun de nous a accèdé à la lecture1. Cet apprentissage se fait progressivement, et nous savons désormais qu’il ne faut pas brûler les étapes. Hélas, nous avons été troublés par les sirènes de la lecture globale, et il semble que toutes sortes de troubles en découlent effectivement, dont une fréquence accrue de dysorthographie et de dyslexie. Il est vrai que notre cerveau a le pouvoir de regrouper les lettres entre elles, en ignorant les différences de fonte et de casse, pour identifier très vite un mot indépendamment de sa longueur, et nous avons vu le rôle crucial de l’aire cérébrale dite de la forme visuelle des mots. Mais il aura fallu qu’il apprenne à faire ainsi, et c’est justement le b.a‐ba, littéralement, de l’apprentissage de la lecture. L’enfant apprend à former des syllabes, qui assemblées donnent naissance à des mots.

1. Dehaene S., Les Neurones de la lecture, Odile Jacob, Paris, 2007. 267

Lire à voix haute

Notons que cette méthode syllabique associe la parole à la vue, c’est‐à‐dire à la fois la formulation orale de ce qui est lu et l’écoute de ce qui est ainsi produit. Avant même de savoir déchiffrer, l’enfant aura entendu lire, et bénéficié de l’attention conjointe de l’adulte pour ce texte que l’on pointe du doigt. Quand vient l’apprentissage, il ne s’agit pas de reconnaître des mots, il faut que l’enfant s’essaye à prononcer ces chaines de lettres et à constater, non sans plaisir, que ce qui aura été ainsi dit ressemble à peu près à un mot qu’il connaît pour l’avoir souvent entendu et même prononcé lui‐même. Ainsi, apprendre à lire ne consiste pas à connecter directement des lettres lues à un lexique interne déjà organisé, mais à faire un détour par la parole1. À vrai dire, il n’est pas même certain que cette voix s’éteigne vraiment un jour. En lisant ces lignes, il est possible qu’une petite voix les accompagne, une voix intérieure qui serait chez vous l’écho de cette pratique des premiers jours. Les anglophones jouent de la proximité des deux mots seeing et saying pour rendre compte de ce quasi‐ chevauchement. Apprécie‐t‐on vraiment une phrase sans la lire à haute voix ? Le gueuloir de Flaubert, cette façon de s’arrêter régulièrement pour gueuler ses textes et ainsi les mettre à l’épreuve, rend‐il compte de la beauté de son écriture ? Il indiquait dans la préface aux Dernières chansons

(1. Dehaene S., Cohen L., Morais J., Kolinsky R. « Illiterate to literate: behavioural and cerebral changes induced by reading acquisition», Nat. Rev. Neurosci. avril 2015; 16(4): 23444. doi: 10.1038/nrn3924. Epub 18 mars 2015. PMID : 25783611. )

de Louis Bouilhet (1872)1 que les phrases mal écrites ne résistent pas à cette épreuve ; elles oppressent la poitrine, gênent les battements du cœur et se trouvent ainsi en dehors des conditions de la vie. À Madame Brenne il proclamait : « Je vois assez régulièrement se lever l’aurore (comme présentement), car je pousse ma besogne fort avant dans la nuit, les fenêtres ouvertes, en manches de chemise et gueulant, dans le silence du cabinet, comme un énergumène2 ! »

Sans, bien souvent, recourir à cette pratique haute en couleur et en décibels, les écrivains parlent en écrivant, ils marmonnent et mâchonnent les mots pour mieux les marier ; « ressasser », ce plus long palindrome de la langue française, serait bien leur mot de ralliement, et leur mot d’ordre : il faut se relire par son commencement comme par sa fin, et répéter sans cesse l’exercice pour donner vie et forme à l’écriture.

Écrire à la main

La voix intérieure n’est pas la seule à sceller le destin commun de la lecture et de l’écriture. Apprendre à lire ne requiert pas uniquement d’entendre les mots que l’on annone, il faut aussi les écrire3. Comme pour sa voix,

(1. Flaubert G., préface aux Dernières chansons de Louis Bouilhet [1872], dans Œuvres complètes, t. IV. Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2021, p. 654. 2. Lettre à Madame Brenne, 8 juillet 1876.
3. Nakamura K., Kuo W.J., Pegado F., Cohen L., Tzeng O.J., Dehaene S., « Universal brain systems for recognizing word shapes and handwriting gestures during reading », Proc. Natl. Acad. Sci. 11 décembre 2012 ; 109(50) : )

c’est le corps de l’enfant qui est ainsi mobilisé. Il lui faut apprendre à tracer ces lignes qui forment les lettres puis les associer entre elles. Lecture et écriture avanceront au rythme de leurs apprentissages respectifs, mais aussi des liens qui se tissent de l’une à l’autre. Le succès dépend justement de ce cadencement, de l’harmonie qui en découle. Il faut donc à l’enfant reconnaître des lettres, apprendre les règles qui prévalent à leur association, en même temps qu’il les prononce, mais aussi qu’il s’exerce à les écrire lui‐même. Sa vue, sa parole, son audition, sa motricité fine sont coordonnées pour permettre cette synthèse qu’est le plein accès au langage écrit. Cela ne se décrète pas. Il faut ces heures, ces jours d’entraînement, d’erreurs, d’approximations, de corrections, mais aussi de découverte du parfait alignement, parfois, de ces différentes modalités. Jusqu’ici j’ai alterné l’évocation de la lecture et celle de l’écriture, et on comprend que parler de l’une, c’est parler de l’autre, tant chacune est consubstantielle à l’autre. Puisqu’il est question du langage écrit, il faut aussi retenir que son inscription est avant tout corporelle. Nul besoin de se tatouer, notre corps est marqué en tous points, de la peau à son tréfonds, par les mots auxquels nous avons donné vie.

Il faut respecter les étapes de cet apprentissage, et notamment cet engagement du corps. Reconnaître de façon globale des mots – c’est‐à‐dire les deviner plus que les lire –, c’est court‐circuiter la mécanique cérébrale, qui s’ajuste pour que l’écrit imprime sa marque. Recourir à un clavier d’ordinateur plutôt que de former les lettres de ses mains, c’est s’interdire ce chemin qui va des yeux au bout des doigts, et réciproquement : c’est presque s’amputer. Il est précieux pour certains enfants de pouvoir utiliser un clavier, lorsqu’ils souffrent d’une dyspraxie rendant l’écri‐ ture difficile, et il faut donc savoir y recourir. Mais pour le plus grand nombre, c’est au contraire les desservir, et leur apprentissage sera de moindre qualité, affectant notamment leur orthographe1.

Je ne cherche pas ici à opposer les nouvelles technologies et la lecture. Je sais ce que celles‐ci apportent. Leur utilisation peut même améliorer les performances de lecture. Ainsi une étude2 associant des chercheurs suisses, italiens et français s’est intéressée aux effets d’un jeu vidéo éducatif sur les performances cognitives. Sous la houlette d’un enseignant dédié pendant 12 heures réparties sur

(1. Longcamp M., ZerbatoPoudou M.T., Velay J.L., « The influence of writing practice on letter recognition in preschool children: a comparison between handwriting and typing », Acta Psychol. (Amst). mai 2005 ; 119(1) : 6779. doi : 10.1016/j. actpsy.2004.10.019. Epub 5 janvier 2005. PMID : 15823243.

Ding Y., Li L., Wu X., « The Reciprocal Relationship Between Handwriting Fluency and Spelling Accuracy in Chinese: A Longitudinal Study », Front. Psychol. 15 avril 2020; 11:620. doi: 10.3389/fpsyg.2020.00620. PMID: 32351422 ; PMCID : PMC7174682.

Tan L.H., Xu M., Chang C.Q., Siok W.T., « China’s language input system in the digital age affects children’s reading development », Proc. Natl. Acad. Sci. 15 janvier 2013 ; 110(3).

2. Pasqualotto A., Altarelli I., De Angeli A., Menestrina Z., Bavelier D., Venuti P., « Enhancing reading skills through a video game mixing action mechanics and cognitive training», Nat. Hum. Behav. avril 2022)

6 semaines, la moitié des enfants, âgés de 8 à 12 ans, ont joué à un jeu sans particularité tandis que l’autre utilisait un jeu visant à développer l’attention, la capacité à faire deux tâches en même temps, la capacité à inhiber une réponse (ne pas répondre lorsque tel indice indique de ne pas le faire), la mémoire et le raisonnement. C’est ce second groupe qui en a tiré des bénéfices, y compris lorsqu’ils ont été testés six mois plus tard, et surtout sur des tâches différentes de celles qui étaient utilisées dans le jeu vidéo. Dans notre vocabulaire de neurosciences cognitives, nous disons que leur apprentissage se « généralise », c’est‐à‐dire s’applique à d’autres compétences que la tâche considérée. Et chose frappante, leurs performances en lecture étaient également améliorées.

Il faut donc se garder de vouer aux gémonies les nouvelles technologies, ou de les opposer aux apprentissages considérés comme classiques. Pour autant cette étude, qui a fait grand bruit, appelle deux commentaires. Il est tout d’abord nécessaire de distinguer les bénéfices d’une telle pratique selon le niveau initial et surtout les modalités d’apprentissage. Il y a fort à parier que ce qui est mis en évidence ici, c’est l’intérêt de ces technologies pour pallier des carences dans l’apprentissage, et ainsi permettre à des enfants défavorisés de rattraper leur retard. C’est du reste ce qui est généralement observé : sans livre accessible, dans l’espace exigu d’un appartement, auprès d’adultes ne maniant pas correctement la langue concernée, que seule une télévision constamment allumée diffuse, ces technologies sont ô combien précieuses. Il n’en demeure pas moins que ce sont surtout les êtres humains qui feront la différence, et que pour ces enfants en difficulté, ce sont les moyens mis à disposition par la collectivité dès leur plus jeune âge qui seront les plus efficaces. Il faut ensuite considérer le moment où ces outils numériques sont utilisés : ici ce sont des enfants de 8 à 12 ans qui participent à cette étude, c’est‐à‐dire chez lesquels les apprentissages que j’ai décrits, de lecture et d’écriture, ont déjà été mis en place. Avant de considérer avec Michel Serres1 la richesse du geste de scroller avec son pouce, n’oublions pas qu’il est un âge où Poucette est un conte qui doit ravir les enfants, avant que les écrans ne les ravissent à leur façon.

Est‐il seulement besoin de l’écrire ? Les performances de lecture sont globalement corrélées chez l’enfant à ses performances intellectuelles. Une corrélation n’est pas un lien causal, certes, mais la force de cette corrélation, sa reproductibilité et la diversité des méthodes pour la mettre en évidence concourent à l’idée que savoir bien lire est synonyme d’intelligence. J’aurai l’occasion d’y revenir.

Le sphinx

Plus encore que le palindrome ressasser, l’énigme du sphinx nous a appris à lier les deux extrémités de la vie. Si l’être humain marche à quatre pattes, puis deux puis trois – l’énigme du sphinx résolue par Œdipe –, la lecture fait le pont entre ces âges.

(1. Serres M., Petite Poucette, op. cit.)
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Contre le déclin

Ce que nous avons dit des mécanismes d’apprentissage de la lecture, et de leurs vertus sur le cerveau de l’enfant, vaut toujours à l’hiver d’une vie. La littérature scientifique fourmille ainsi des démonstrations des bénéfices de la lecture sur les fonctions cognitives1. Le rapport au corps est ici aussi souligné. Ainsi dans une étude2 dont le titre paraît tout droit sorti d’un livret d’opéra, Camminando e leggendo... Ricordo en marchant et en lisant... je me souviens –, une équipe italienne a montré que chez les personnes âgées ayant des troubles cognitifs débutants, marcher et lire à haute voix – pas en même temps certes ! – réduit significativement leur fragilité, sur tous les plans.

Les lecteurs sont des psychonautes

C’est d’ailleurs lorsqu’il devient plus difficile de par‐ courir le monde, que la lecture permet tous les voyages. J’ai évoqué le terme de psychonaute inventé par le flower

1. À titre d’exemple : Chang Y.H., Wu I.C., Hsiung C.A., « Reading activity prevents longterm decline in cognitive function in older people: evidence from a 14year longitudinal study », Int. Psychogeriatr. janvier 2021 ; 33(1) : 6374. doi : 10.1017/S1041610220000812. Epub 5 juin 2020. PMID : 32498728 ; PMCID : PMC8482376.

2. Gallucci M., Mazzarolo A.P., Focella L., Piovesan C., Mazzetto M., Ramigni M., Marzetti E., « Camminando e Leggendo... Ricordo » (Walking and Reading... I Remember) : Prevention of Frailty Through the Promotion of Physical Activity and Reading in People with Mild Cognitive Impairment. Results from the TREDEM Registry», J. Alzheimer’s Dis. 2020; 77(2): 689699. doi : 10.3233/JAD200542. PMID : 32741832i. )

power pour décrire le trip, le voyage donc, des psychédéliques. Mais tout lecteur est un psychonaute. Par la magie des mots, le voici dans la province de La Mancha en 1605, dans le bourg de Yonville au milieu du xixe siècle, ou dans le bureau d’un président russe qu’aujourd’hui plus personne ne parvient à comprendre. Il voyage dans toutes les époques, aux quatre coins de l’univers, il voit, entend, touche, goûte, sent, et ressent jusqu’aux plaisirs de la chair le temps de la lecture, et audelà.

Plus encore que les lieux, ce sont les femmes et les hommes que l’on visite en lisant. Les universitaires et les critiques littéraires nomment illusion référentielle1 cette propension à considérer qu’une fiction renvoie à un hors‐texte, un monde bien réel. Le lecteur sait bien que ce qu’il lit est le fruit de l’imagination du romancier, mais le temps de sa lecture, il réagit au récit comme si les événements étaient bien survenus. Ce phénomène contribue à donner vie à ces êtres de papier que sont les personnages, pour lesquels nous éprouvons les émotions les plus diverses, dont nous empruntons l’identité pour mieux en comprendre le dessein, et qui sont autant de compagnons imaginaires. Ce qui m’importe ici n’est pas la théorie littéraire, en opposant lecture naïve et lecture savante, c’est l’efficacité de ce processus – du reste, il en est de l’illusion référentielle comme de ces tours de magie dont connaître le truc n’abolit pas l’illusion. Ce que nous éduquons ainsi, c’est notre empathie, cette faculté de nous représenter les émotions d’autrui

(1. Riffaterre M. (1982), L’Illusion référentielle, in Roland Barthes et al, Littérature et réalité, Le Seuil (coll. « Points Essais »), Paris, 1982, p. 91118(.

tout en restant conscients de la source de cette expérience. Il ne s’agit pas d’une simple résonance émotionnelle – pour laquelle le terme de sympathie, au sens étymologique, serait plus adapté –, la capacité d’aller et venir entre autrui et soi étant décisive, permettant tout à la fois de provoquer cette résonance et de s’en distancier. Du « Je suis l’autre » de Nerval1 au « Je est un autre » de Rimbaud2, et à l’aspiration à « s’autruifier » chez Pessoa3, il s’agit d’incarner d’autres que soi, et de s’hybrider avec ces personnalités en revêtant leurs habits, leurs amours et leurs failles.

Un enfant fait ainsi grandir et mûrir la palette de ses émotions. La lecture réduit ses stéréotypes de genre4, et lui permet de multiplier les vies parallèles. Marthe Robert5 voyait dans l’origine du roman quelque chose du roman familial, ce fantasme que nous caressons dans nos premières années, selon lequel nos parents pourraient ne pas être nos parents, tant et si bien que nous nous imaginons une autre filiation, volontiers grandiose. Ce qui vaut pour la naissance du roman selon cette critique littéraire inspirée par la psychanalyse, vaut aussi pour la réception du

(1. Portrait de Gérard de Nerval. Frontispice gravé d’Eugène Gervais. Exemplaire annoté par Nerval le 1er juin 1854. Collection particulière.
2. Rimbaud A., « À Paul Demeny, 15 mai 1871 », dans Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2009, p. 343.)

(3. « Nous ne débarquons jamais de nousmêmes. Nous ne parvenons jamais à autrui, sauf en nous autruifiant par l’imagination, devenue sensible à nousmêmes »(Pessoa F., Le Livre de l’intranquillité, traduit du portugais par Françoise Laye, Christian Bourgois, Paris, 1999, p. 169).

(4. Abad C. and Pruden S.M., « Do story books really break children’s gender stereotypes? », Front. Psychol. 4:986. 2013. doi : 10.3389/fpsyg.2013.00986.
5. Robert M., Roman des origines, origine du roman, Gallimard, Paris, 1977. )

roman : le jeune lecteur emprunte d’autres identités, et le temps d’un livre il s’offre une nouvelle généalogie.

Il faut, bien plus tard, retrouver cette puissance des premières lectures. Au travers des récits de patients – ou des grands textes de la littérature –, ainsi que de l’écriture de leur propre vécu, la médecine narrative1 permet d’éduquer les étudiants en médecine à l’écoute de leurs futurs patients. La sélection sur leurs seules performances scientifiques finissait par en faire des ingénieurs de la médecine plutôt que des soignants. L’objectif n’est pas d’en faire pour autant des littéraires, mais plus modestement de les rendre attentifs au discours de la personne qui souffre, pour mieux en percevoir la trame – ce qui est dit, et surtout ce qui ne l’est pas ».

Copyright Raphaël GAILLARD / « L'homme augmenté Futurs de nos cerveaux » (Grasset) 352 pages / 22 euros / Toutes librairies et « La Boutique ».

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Raphaël Gaillard : « Notre transformation cérébrale advient par la technologie »

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20.02.2024

Raphaël Gaillard- chercheur « augmenté » par sa passion des arts et lettres-, nous avait impressionné dès son premier essai publié chez Grasset « : «Un coup de hache dans la tête- Folie et créativité» (Litterati-ATLANTICO 2022), livre qui fut ensuite distingué par le prix Jacques de Fouchier de l’Académie Française.

En ce début 2024, Raphaël Gaillard récidive avec ce deuxième essai, tout aussi percutant, savant et littéraire que le précédent : « L’homme augmenté- Futur de nos cerveaux » (Grasset) ;aux dires de Raphaël Gaillard, scientifique des Lumières – cet Homme nouveau entamant la troisième phase de l’humanité ( après la préhistoirede Néandertal et « Homo Sapiens ») est déjà né : « La question n’est pas de savoir si l’augmentation de l’homme par la technologie est possible. Cette révolution qui voit s’hybrider l’être humain et la technologie par des interfaces cerveaumachine est déjà en marche. La question n’est pas de choisir son camp entre les zélotes et les contempteurs de cette hybridation, entre ceux qui s’enthousiasment sur les réseaux sociaux et ceux qui la conspuent dans les salons littéraires. Ces réactions à l’emporte‐pièce sont celles d’êtres humains qui, à l’évidence, ne bénéficient pas encore du surcroît d’intelligence que promet cette hybridation. Les seules questions qui vaillent et que nous explorerons ici sont pragmatiques : quelle est la réalité du phénomène à ce jour, quelles en sont les perspectives, quelles en sont les possibles effets indésirables, comment se prémunir de ces derniers, et plus généralement comment accompagner au mieux ce mouvement inéluctable » Raphaël Gaillard, professeur de Médecine et subtil observateur de notre humanité, dont le métier consiste souvent à « réparer les vivants » s’est spécialisé à Saint-Anne dans l’étude des troubles mentaux et leur « implacable présence » jusque dans le cerveau des artistes ; pour se représenter le monde, et si possible le recréer, les peintres, sculpteurs, musiciens et écrivains paient souvent le prix de leur créativité par une sourde déprime ou d’ autres symptômes du trouble psychique. Sagan, par exemple, se sentait séparée du monde donc des autres par une vitre qui l’enfermait dans sa solitude.« L’homme augmenté aura des compétences exceptionnelles, mais dans des domaines spécifiques, correspondant aux structures cérébrales accessibles à cette hybridation. Il y gagnera en puissance, assurément, mais il y perdra en harmonie, en équilibre. Un certain nombre y perdront même la raison », note Raphaël Gaillard. Sa science de chercheur se voit renforcée et comme adoucie par son érudition littéraire et artistique. On sent chez cet auteur une passion des arts qui régule et enrichit sa science médicale. Le tout orchestré par un cœur généreux : d’où la qualité de cet « Homme augmenté » car l’on ne fait pas de littérature avec un cœur sec. « L’homme augmenté » vibre du rythme de cette époque tourmentée et parfois passionnante qui est la nôtre.« La recherche n’a rien d’un long fleuve tranquille, elle a au contraire ses rapides et ses chutes, ses eaux stagnantes et ses marigots, son tumulte, ses écluses. Elle a sa part de déraison, et cette déraison n’est pas estrangère à ses réussites et ses effets de vérité́. Bref, il faudrait rendre compte de ce que la recherche doit à Don Quichotte ». Qui écrit ainsi dans le monde médical ?.Cervantès devient soudain dans nos imaginaires LA figure de cette « déraison »qu’est la Recherche, avec ses « effets de vérité ». « Plus fondamentalement, il se pourrait bien que le livre soit le seul à même de nous conserver entiers dans cette puissante transformation par la technologie.(…)Il faut dire que l’écriture – et donc la lecture – est la grande affaire de l’humanité́. Elle ne signe pas seulement le passage de la Préhistoire à l’Histoire, elle constitue notre hybridation première. Un livre, de plomb ou de papier, c’est déjà̀ une annexe de notre cerveau, une prothèse cérébrale, un hors‐de‐soi que nous acceptons de partager, et qui en retour nous transforme. En passant de la tradition orale à la tradition écrite, nous avons consacré́ cet objet comme réceptacle et comme don de nos savoirs, de nos sentiments, de nos identités. Il se pourrait bien que cette hybridation, l’écriture, porte en elle toutes les autres. Il se pourrait bien qu’elle en soit la propédeutique. » C’est beau. Un homme qui aime à ce point l’écrit à l’époque des écrans,ne saurait rater son texte, d’où notre plaisir de lecteurs.« Le livre dont vous achevez l’introduction est tout autant l’exposé du problème posé par l’hybridation technologique que sa solution.»poursuit le professeur Raphaël Gaillardqui veille sur ses douze mille patients et préside la Fondation Pierre Deniker (elle soutient la recherche sur les troubles psychiques et œuvre pour leur connaissance par le grand public).L’Homo Sapiens entra dans l’Histoire de l’humanité en quittant la préhistoirede l’homme de Néandertal via la lecture et l’écriture. « L’Homme augmenté » va régner dans nos civilisations. Si vous aimez lire et écrire, vous êtes sauvés, dit Raphaël Gaillard . Il y a les mauvais côtés de l’IA ( c’est ainsi que des algorythmes rendent dépendants nos adolescents prisonniers des Gafa( « Google, le moteur de recherche le plus utilisé au monde.Apple, qui fabrique des produits électroniques grand public tels que l'iPhone, l'iPad et l'ordinateur Mac.Facebook, le plus grand réseau social au monde, qui possède également Instagram et WhatsApp.Amazon, la plus grande entreprise de commerce électronique au monde»)et qui ne lisent plus, hélas, que les Réseaux sociaux Et il y a les bons côtés de cette révolution : ceux qui lisent et écrivent ( si possible à la main) seront chez eux en cette époque qui est la nôtre . « Lecteurs, et a fortiori auteurs, vous profiterez des bienfaits de cette nouvelle ère, et ce dans votre intérêt d’Homo Sapiens changeant d’Histoire via des « implants »mis à votre disposition pour corriger vos points faibles (cf. vous « réparer » en somme) ; point de guerre et de rivalités avec des robots, comme veulent nous le faire croire la science -fiction et certaines bandes dessinées, mais une hybridation providentielle et souvent réparatrice, pour renforcer, par exemple, les neurones des malades qui t mouraient hier faute d’I A annonce le Professeur Gaillard (il dirige le pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’hôpital Sainte-Anne et de l’Université Paris Cité).Ces derniers temps, le nombre d’ouvrages dévolus à l’Intelligence Artificielle a été multiplié par dix. « L’I A » explose en Libraire comme dans nos conversations. Chercheur en neurosciences- Raphaël Gaillard montre que cette nouvelle intelligence, née de l’imitation de notre cerveau « a toutes les raisons de s’hybrider avec notre propre intelligence. Le défi ne sera pas de rivaliser avec l’IA mais de réussir cette hybridation. D’ores et déjà, les interfaces cerveau-machine permettent à un homme paralysé de marcher ou de transmettre ses pensées.Demain nous utiliserons l’IA comme nous utilisons nos smartphones, partout et tout le temps. Comment nous préparer à cette révolution ?Nous avons déjà connu une grande hybridation avec l’avènement de l’écriture et de la lecture, signant notre passage de la Préhistoire à l’Histoire. Déposer hors de soi notre savoir par l’écriture, et se le réapproprier par la lecture, n’était pas si différent de ce que la technologie nous promet. Puisque cette aventure fut une réussite pour l’humanité, nous ferions bien de nous en inspirer ; ces révolutions médicales permettront par exemple de mieux traiter- voire guérir grâce aux implants la maladie d’Alzheimer et autres atteintes neurologiques. Les futurs de nos cerveaux semblent bien beaux.

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