THÈME

Le narrateur est un personnage bizarre : bourgeois chassé de sa grande maison à la mort de son père, cet homme oscille entre le clodo illuminé et le philosophe des trottoirs.

Il rencontre une femme, prostituée, dont il s’éprend curieusement sur un banc et nous raconte son épopée.

Le texte complètement décousu, fait de saynètes qui disent tout et leur contraire avec un certain humour. Ce personnage désorienté, aux réflexions à la fois sensées et insensées mais toujours surprenantes, fait le sel de cette pièce. Il joue avec les mots, s’amuse des situations qu’il provoque, est fasciné par les cimetières, préfère nettement les morts aux vivants et ne s’en laisse pas conter : il entend faire ce qu’il veut et il le fait.

Le jeu extraordinaire de Dominique Valadié, comédienne toute en nuances, à la fois résignée et révoltée, mais qui nous assène l’ensemble avec force et conviction. Elle possède une voix qu’elle module selon ce qu’elle a à dire et joue de l’étrangeté de son personnage avec un talent consommé.

Quoique simple, la mise en scène est amusante et originale.

Point de bémol, tout va bien !

Cette pièce savoureuse est originale par ses situations incongrues et les réflexions du récitant.

Dominique Valadié l’anime avec virtuosité, et l’on reconnaît bien qu’elle vient de la Comédie Française.

C’est un spectacle rare. L’auteur, que j’imaginais tristounet, a des considérations assez comiques sur l’existence, et j’aime beaucoup le mot de la fin : « 1946 », date de l’écriture de ce récit.

« Quelle importante, la façon dont les choses se passent puisqu’elles se passent ? ».

« Elle louchait, mais je ne l’ai su que plus tard » parlant de son amoureuse, dont il se souvient de « sa voix fausse mais agréable. »

« [Les femmes], lorsqu’elles ne savent pas quoi faire, elles se déshabillent. ».

A propos des enterrements, « la comédie de la poussière. »

Samuel Beckett (1906 – Dublin, 1989 – Paris) est un écrivain et poète irlandais et un grand dramaturge. Né dans une famille aisée, il fait de solides études et parle plusieurs langues, dont le français. Il finira d’ailleurs par écrire ses textes directement en français, dont Le premieramour. Il publie en 1947 Murphy.

Cet écrivain assez sombre et tourmenté a reçu le prix Nobel de Littérature en 1969, ce qu’il considérera comme une catastrophe. Son œuvre théâtrale la plus marquante reste En attendant Godot, en 1952. Ses autres succès sont Fin departie (1957), Oh les beaux jours (1960) et la trilogie Molloy / Malone meurt et L’innommable, enfin Soubresauts (1989).

QOSHE - "Premier amour" : une tragi-comédie burlesque très autobiographique - Anne-Marie Joire-Noulens
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"Premier amour" : une tragi-comédie burlesque très autobiographique

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12.12.2023

THÈME

Le narrateur est un personnage bizarre : bourgeois chassé de sa grande maison à la mort de son père, cet homme oscille entre le clodo illuminé et le philosophe des trottoirs.

Il rencontre une femme, prostituée, dont il s’éprend curieusement sur un banc et nous raconte son épopée.

Le texte complètement décousu, fait de saynètes qui disent tout et leur contraire avec un certain humour. Ce personnage désorienté, aux réflexions à la fois sensées et insensées mais toujours surprenantes, fait le sel de cette pièce. Il joue avec les mots, s’amuse des situations qu’il provoque, est fasciné par les cimetières, préfère nettement les morts aux vivants et ne s’en........

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